La nouvelle du décès de Amar Benaouda, l'homme qui a fait son entrée dans les annales de l'histoire de la lutte d'indépendance de l'Algérie, a profondément endeuillé Annaba et la famille révolutionnaire. Discret de son vivant, Benmostefa Benaouda, dit «Amar», a tiré sa révérence, discrètement. Une qualité reconnue à cet homme qui s'est dévoué durant la guerre de libération. Si Amar Benaouda, comme aiment l'appeler ses concitoyens algériens, est décédé hier, à 7 heures du matin dans un hôpital à Bruxelles, avons-nous appris, auprès des personnalités de la délégation du ministre des Moudjahidine Tayeb Zitouni. Ce dernier devait rendre visite au défunt en son domicile, sis Moubarek El Mili, à Annaba, à l'occasion de la célébration du 56e anniversaire du chahid Amar Chétaïbi. La nouvelle a contraint le ministre à écourter sa visite pour se rendre au domicile familial du défunt où les Annabis se sont rendus en masse pour exprimer leur compassion et leur sympathie à la famille de celui qui a toujours porté l'amour de l'Algérie en son coeur. Depuis la Tunisie jusqu'à l'Egypte en passant par le Liban, Si Amar Benaouda, avait été attaché militaire, et avait plaidé la cause de son pays avec un coeur de lion. Bravant tous les risques que pouvait engendrer l'activité politique et révolutionnaire, l'homme a défié les forces coloniales, pour porter la cause de l'Algérie sur la scène internationale. Aujourd'hui, bien que l'homme soit parti, il a laissé derrière lui un héritage aussi riche que les qualités que lui reconnait toute l'Algérie. Le défunt Benmostefa Benaouda dit «Si Amar», a jalonné un parcours historique dédié à l'Algérie et son indépendance. Ancien membre de l'Organisation spéciale (OS) démantelée en 1950 par les autorités coloniales françaises, «Si Amar» avait, dès lors, décidé le passage à l'insurrection, qui sera déclenchée le 1er Novembre 1954 - pour décrocher l'indépendance de l'Algérie. Faisant partie du «Groupe des 22», réunis à Alger en juin 1954, militants indépendantistes, le défunt était l'un de ceux qui avaient décidé du déclenchement en 1954 de la lutte armée. Réputé pour son esprit aguerri, le défunt était un des principaux soutiens du groupe des Cinq, porté ensuite à Six, chefs du front de Libération nationale (FLN) dont Krim Belkacem, Larbi Ben M'hidi, Mostefa Ben Boulaïd, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche, désignés pour diriger la lutte armée. Cette lutte de longue haleine marquera l'histoire pour les générations futures, et le rôle de cet homme et de bien d'autres, comme lui, restera inscrit au fronton de la lutte aussi bien armée que politique. «Si Amar Benaouda» avait participé à la phase finale des négociations d'Evian, qui allaient déboucher sur l'indépendance de l'Algérie en 1962. En 1957, le défunt avait fait son entrée au Conseil national de la Révolution algérienne (Cnra), «Parlement» du FLN, et avait notamment été membre à partir de 1958 du commandement opérationnel de l'Armée nationale de libération (ALN) dans l'Est du pays. Il sera désigné, après l'indépendance, ambassadeur d'Algérie en Libye en 1979, après avoir occupé plusieurs autres postes à Paris et à Tunis. Aujourd'hui, même parti, sa mémoire demeurera avec nous pour bénir cet acquis, qu'est l'indépendance, que l'homme a payée fortement et sans contrepartie. Avec le décès de Benmostefa Benaouda c'est un livre d'histoire qui se ferme à jamais. Car comme rapporté par ceux qui l'ont connu et côtoyé, beaucoup de vérités sur la guerre de /ibération nationale sont parties avec lui. Avec le décès de «Si Amar» il ne reste que Abdelkader Lamoudi et Othmane Belouizdad, ayant fait partie du «Groupe des 22». Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, dans une brève déclaration s'est dit attristé par la nouvelle de la perte de l'homme, il dira ainsi que «la famille révolutionnaire et toute l'Algérie viennent de perdre un des héros du pays et une personnalité emblématique de la révolution algérienne». Par ailleurs, rien n'a encore filtré sur le lieu de l'enterrement du moudjahid Benmostefa Benaouda. Selon certaines informations, le défunt dont la dépouille est attendue lundi en fin d'après-midi à Alger, aurait demandé à ce qu'il soit inhumé au cimetière de Zaghouane, à Annaba, selon la déclaration de son fils.