La paix en Libye sera au centre des discussions prévues cette semaine au Caire entre le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, et les autorités égyptiennes, a indiqué le département d'Etat américain. M.Tillerson qui a entamé hier une tournée de six jours au Moyen-Orient et en Turquie, se rendra au Caire pour discuter notamment de la Libye et de la Syrie, a fait savoir la même source. «S'appuyant sur la récente visite réussie du vice-président au Caire, le secrétaire d'Etat discutera de diverses questions avec les Egyptiens, notamment des questions régionales d'intérêt commun telles que la Libye et la Syrie», a précisé le département d'Etat qui évoque «l'engagement commun des deux pays à combattre le terrorisme». Il s'agit, selon le ministère américain, «de coordonner l'action sur ces questions régionales importantes». Durant cette visite, le chef de la diplomatie américaine devrait rencontrer le président Abdel-Fattah al-Sissi ainsi que son homologue égyptien, Sameh Choukri. Les Etats Unis avaient accueilli favorablement la feuille de route, établie par l'ONU pour une sortie de crise en Libye. Le département d'Etat a manifestement appuyé la position du Conseil de sécurité sur la nécessité de regrouper toutes les initiatives de médiation sous la houlette des Nations unies en affirmant qu'il n'allait pas soutenir les parties qui cherchent à contourner le processus onusien. Le soutien de l'administration américaine à l'accord politique libyen, a été réaffirmé en décembre dernier lors de la visite du Premier ministre du gouvernement d'Union nationale libyen, Fayez al Sarraj à Washington. Pour autant, de nombreux observateurs à Washington soutiennent que la politique américaine à l'égard de la crise en Libye reste «incohérente». D'une part, le président Donald Trump soutient qu'il ne voit aucun rôle pour les Etats-Unis en Libye mais relève d'autre part la nécessité d'intensifier la lutte contre l'organisation terroriste «Etat islamique» (EI/Daesh) dans ce pays. En réalité, ces observateurs s'inquiètent de la montée de l'influence russe en Libye, aidée par le vide laissé par Washington qui, par ailleurs, préfère se concentrer sur la lutte antiterroriste en confiant le règlement de crise politique à l'ONU. Le New York Times, qui a consacré mardi dernier une longue analyse à la politique américaine en Libye, avance que sur ce dossier «le président Trump est guidé en grande partie par son instinct et aussi par un petit cercle de conseillers qui ont l'oreille du président mais peu d'expérience sur la Libye». Le vide laissé par les Etats-Unis en Libye a été accentué par le retard accusé dans la nomination des diplomates qui devaient prendre en charge ce dossier, selon le quotidien américain. Le premier conseiller pour l'Afrique au Conseil national de sécurité (NSC) qui devrait prendre en charge ce dossier n'a été installé dans ses fonctions que début septembre dernier, alors que le poste d'ambassadeur pour la Libye n'a pas fait l'objet de nomination à ce jour. Citant des responsables américains, le New York Times souligne que «ce manque d'attention soutenue» de la part du président Trump a causé «la consternation des milieux politiques américains» en raison de la menace terroriste et la problématique des réfugiés et du trafic d'êtres humains qui ont pris de l'ampleur ces derniers mois en Libye. Aussi, les efforts déployés pour parvenir à une stratégie complète sur la Libye ont été entravés par les luttes intestines entre les conseillers politiques de la Maison-Blanche notamment entre l'ancien chef de la stratégie de Donald Trump, Stephen Bannon, et le conseiller à la sécurité nationale, le général McMaster, qui était en faveur d'un engagement militaire américain plus important en Libye, en Syrie et en Afghanistan.