Les moeurs politiques en Algérie ne permettent pas une telle «intimité». Tiens, ils ne courent plus les rues et ne battent plus le pavé de nos villes comme dans un passé récent. Qui sont-ils? Que font-ils? Et où se trouvent-ils? Bah ! Il se trouve tout bonnement, selon quelques échos qui nous sont parvenus, que nos ministres à l'instar de leurs compatriotes, savourent leurs vacances en toute quiétude, loin des feux de la rampe. Jusqu'ici tout paraît normal. Ont-ils le droit à quelques jours de relaxation? Bien sûr que oui. Certes, le président qui a actuellement le nez pointé sur des projets «ultrasensibles» qu'il entend mettre en oeuvre dès la rentrée sociale, ne leur a pas été, au bout du compte, d'une grande clémence. Les «pauvres» n'ont eu droit qu'à une toute petite semaine pour décompresser ou suivre une cure de remise en forme dans un centre de thalassothérapie à l'étranger. Suffisants ou non, les sept jours de repos ne sauront, en tout cas, torpiller la «dynamique» gouvernementale et transgresser la sacro-sainte règle de l'obligation de résultats édictée par Abdelaziz Bouteflika au lendemain du dernier remaniement gouvernemental. L'on parle, dans ce cadre, de l'organisation en septembre du très attendu référendum sur la réconciliation nationale à laquelle les pouvoirs publics ainsi que toute la classe politique accordent un intérêt particulier. Il y a aussi les élections partielles en Kabylie qui se dérouleront, selon des sources, au mois de décembre et dont la préparation serait entrée dans sa phase finale. Aussi, le gouvernement a les yeux rivés sur le «fameux» pacte économique et social qu'il entend contracter avec l'Ugta durant la même période. Sans oublier, bien sûr, les murmures sur une probable révision constitutionnelle, mais sans qu'une information sérieuse ne soit avancée dans ce sens. Voilà donc, en somme, un agenda assez chargé qui explique peu ou prou le raccourcissement des vacances ministérielles. Pour autant, si la note présidentielle paraît ainsi légitime et justifie, en partie, la réduction du congé à sept jours, pourquoi dès lors nos ministres cachent-ils leurs destinations estivales? Eux qui, durant toute l'année, s'entourent de journalistes et multiplient, souvent à outrance, les déclarations publiques sur leurs «indjazat». L'opinion publique n'a-t-elle pas le droit, comme partout ailleurs, de savoir de quel type de rayons les « serviteurs » de la République se font bronzer? En France, par exemple, les ministres au sortir d'un conseil du dernier gouvernement, ont été pris d'assaut par la presse pour une partie de «people confidence» dans laquelle chaque ministre a dévoilé la ville ou la région prisée pour quelques jours de repos. Pourtant, le gouvernement français n'est pas moins loti politiquement que le nôtre puisqu'il se trouve sur la corde raide depuis le non massif des Français à la Constitution européenne. Motus et bouche cousue. Les moeurs politiques en Algérie ne sont pas celles de l'Hexagone ou d'ailleurs. Ici, une telle «intimité» ne s'invite pas. Jamais au grand jamais l'on a su les endroits dans lesquels les membres du gouvernement passent leurs vacances. Et Dieu sait que ce ne sont pas les lieux qui font défaut. Club des Pins, Palm Beach, Zeralda ou bien d'autres stations encore inconnues à la vox populi. Il y a ceux qui filent à l'anglaise dans des endroits paradisiaques en Tunisie ou à défaut de se défouler dans la célèbre Riviera en Côte d'Azur. Chut! On ne badine pas avec ça. C'est comme la loi de l'omerta. C'est aussi l'une des facettes cachées de notre gouvernement. Toutefois, quelques ministres - nous citons pour l'exemple Amar Ghoul, ministre des Travaux publics ou Abdelmalek Sellal celui des Ressources en eau - ne paraissent pas aussi fatigués que leurs collègues. Ils continuent, non sans peine, à sillonner le pays à 40° à l'ombre pour superviser leurs projets respectifs. Autrement dit, ces derniers se défoulent en travaillant. En vrais bulldozers, ils n'ont pas, semble-t-il, l'intention d'enfiler leur short de sitôt à moins que leurs vacances seraient plus longues, plus longues encore à en croire certains échos qui tablent sur un imminent remaniement ministériel. Les parties de méchoui, il y en a pour tout le monde. A l'occasion, le vizir s'invite à une cérémonie de mariage ou à une autre fête organisée par une quelconque association mais jamais à but caritatif. L'âge n'est surtout pas pour eux le meilleur allié dans les batailles qui les attendent au tournant. Certains sont hypertendus, d'autres diabétiques quand ils n'ont pas la totale, le cholestérol. Les conseils de leurs médecins traitants leur sont, à ce titre, salutaires. Plus d'oméga 3 - ces supervitamines qu'on trouve dans le poisson - résoudront leurs angoisses quand le coeur se met à battre la chamade. L'histoire de ces trente dernières années retiendra aussi quelques faits qui n'honorent pas la République. Sous Boumediene dont on connaît bien la sévérité, un ministre important qui avait choisi Istanbul comme destination de ses vacances, a eu le malheur de se voir agressé en sortant d'une boîte, totalement ivre, dès les premières lueurs de l'aube. Il fut détroussé de son argent ainsi que de son passeport diplomatique.