Il est d?abord un poète à la voix d?une âme prise dans la tourmente et tiraillée par la douleur. La poésie devient l?exutoire de sa nostalgie et de sa mélancolie. Il y raconte ses malheurs et son lyrisme, l?amertume de l?exil et la nostalgie d?un bonheur perdu. Dans sa poésie, il exhibe le sentiment de l?exil : «J?étais venu en trombe/Je repars goutte à goutte/Plus je vais, je m?en vais/Donnant raison aux imbéciles/On meurt d?avoir vécu/Un poète est ici/Un poète est là-bas/C?est bête de mourir/Si loin de son tombeau.» Ou encore : «Nous sommes quelques-uns à demeurer vivants/Et désormais je dirai tout : mon copain mes copains/Ma longue litanie/Ceux qui mangeaient du jour/Quand je vivais de routes bleues/Mon copain mes copains/Aux gestes délicats/Vous aimiez bien la ville aux pavés qui reluisent/On m'a tout dit de vous pour me rendre jaloux/De m'ennuyer partout/Où vous n'êtes pas là.» «... J'ai tellement d'amis / Que mes doigts s'impatientent / Que deux yeux / Puisque mon c?ur a mal au lieu / De mieux se battre / Puisque j'ai mal / Quand ils font mieux / J'avais tant de copains dont les noms se tairont / Pour qu'un poète ait la parole / Ces copains pleins de fleurs et qui disaient / Demain.» Et l?exil trouve «une symbolisation dans le thème de la mère qui sert, justement, à traduire aussi bien l?attachement à une terre lointaine qu?à un passé de l?enfance où régnait une certaine douceur.» «Ma mère est toujours belle/Je l?accompagne tous les jours/On l?appelle colombe/Mais en arabe c?est son prénom.» La poésie est aussi un monde où il raconte sa ville natale, Constantine. «J?ai peut-être rêvé : les vaisseaux sont fantômes/Ai-je connu la ville où hier un attentat/Mettait dans les journaux un air de glas qui sonne/Au non-sens effréné qu?on appela Cirta/C?est à douter d?un souvenir et l?Algérie/Me dit dans un regard que mes yeux m?ont menti/Et rien d?autre mon c?ur que cette rêverie/Au bastingage lourd d?un bateau qui partit/Suis-je né dans l?exil et dans mon habitude/A chercher au métro le couloir étranger/Suis-je le prisonnier de cette servitude/Qui nous fait dire blanc dès lors qu?il a neigé/Mon c?ur est un touriste aux étapes d?ennui/Je ne visite rien qu?un souvenir qui râle/Hôtel tout n?est qu?hôtel pour allonger la nuit/Ah ! la fiche à remplir testament des escales/Je connais sous les ponts à l?écoute du fleuve/L?impassible dialogue et les mornes questions/Que se pose un maudit à qui manque la preuve/Qu?il est juste pour lui de dormir sous un pont/Verrai-je un nouvel an aux couleurs de cerise/La rue blonde au pavé d?un jour du mois de mai/Et vers le djebel Ouahch quand bavarde la brise/Tous ces rêves noyés d?un lac aux yeux fermés/J?ai peut-être rêvé : les vaisseaux sont fantômes/Ai-je connu la ville où hier un attentat/Mettait dans les journaux un air de glas qui sonne/Au non-sens effréné qu?on appela Cirta.» Sa poésie est aussi une voix de l?amour. Ecoute et je t?appelle, deuxième recueil poétique, révèle une grande maîtrise de ton que Malek Haddad donne à ses ?uvres. Il réussit fort bien à rendre certaines nuances délicates, particulièrement dans les poèmes d?amour. «Si je ne dis que cet amour/A la façon de mes forêts/Que mes yeux te couvant sont une aube nouvelle/Que ma main dessinant sur ta joue la colombe/Est un moment de valse/Sur la mer apaisée?»