Abdallah Ghlamallah «La langue amazighe appartient à tous les Algériens et son apprentissage doit être encouragé particulièrement par son enseignement», a souligné l'invité d'El Moudjahid. «L'imam n'a pas le droit de se proposer en tant que médiateur pour trouver des solutions à des situations d'impasse. Néanmoins, il a le droit de répondre favorablement s'il a été sollicité pour jouer un tel rôle.» C'est par cette phrase-là qu'a répondu hier le président du Haut Conseil islamique (HCI) Abdallah Ghlamallah à une question relative à l'implication des imams dans le conflit opposant la ministre de l'Education nationale au Cnapeste. «La parole de l'imam doit être entendue. Si ce dernier s'implique et si sa parole n'est pas prise en considération, cela va nuire à son image et à son statut, aux yeux de la société», a ajouté l'invité du Forum d'El Moudjahid, niant les propos qui lui ont été attribués par certains médias sur le fait que la grève est haram, (illicite, ndlr). Le président du HCI a tenu par contre à préciser que le mot grève ne rime pas avec sa signification, en Algérie. «Les travailleurs observent des grèves sans qu'ils aient vraiment des raisons les justifiant. La grève se déclenche pour revendiquer des droits ou dénoncer des situations. Or, en Algérie les droits des travailleurs sont garantis», a fait observer le conférencier. Interrogé par ailleurs sur le dérapage d'une députée récemment au sujet de tamazight, l'ex-ministre des Affaires religieuses a tenu à se démarquer de ses propos. «La langue amazighe appartient à tous les Algériens et son apprentissage doit être encouragé, particulièrement par son enseignement», dira-t-il en mentionnant que l'apprentissage de tamazight va sans doute renforcer l'unité nationale. Répondant par ailleurs à la question portant sur l'avis du HCI sur le phénomène de la harraga qui ne cesse de prendre de l'ampleur auprès des jeunes, l'invité d'El Moudjahid a fait savoir que le HCI ne qualifie pas de facto ce phénomène de haram, «car le choix des jeunes Algériens n'est pas tout à fait délibéré, mais s'est imposé suite à des conditions de vie difficiles», a-t-il souligné, indiquant que son institution va organiser mercredi prochain une conférence sur ce sujet. «Des professeurs spécialisés vont y prendre part et vont expliquer ce phénomène du point de vue religieux», a ajouté Abdallah Ghlamallah. Concernant la mission du HCI, l'ex-ministre a tenu à préciser que la mission principale du HCI n'est pas de donner des avis religieux (El iftaa). «Cette dernière est du ressort des conseils scientifiques au niveau des wilayas». «Toutefois, le Haut Conseil islamique dispose d'un bureau pour donner des avis religieux pour ceux qui désirent avoir des réponses à certaines questions», a-t-il nuancé. S'attardant en outre sur le sujet d'El iftaa, le président du HCI a déploré le fait que ce dernier soit caractérisé par l'anarchie. «Les médias continuent encore à inviter n'importe qui pour parler de la religion», s'est désolé l'invité d'El Moudjahid, réitérant son appel au ministre des Affaires religieuses à l'effet de délivrer des agréments aux plus habilités parmi ces imams invités. S'exprimant par ailleurs sur la question du mufti de la République, Abdallah Ghlamallah a indiqué que l'instauration de ce poste relève des prérogatives du président de la République. «Ce dernier est certainement en train d'attendre que soient réunies toutes les conditions pour son instauration», a-t-il indiqué, excluant le fait que ce retard a un rapport avec l'absence du profil nécessaire en Algérie. «L'Algérie dispose de compétences et le président de la République est conscient de cela», tranche-t-il. Sollicité en outre pour donner l'avis du HCI à la dernière enquête du Crasc faisant ressortir que les Algériens s'informent sur la religion via les réseaux sociaux, le président du HCI a dit que même si l'étude du centre est crédible, elle reste incomplète pour affirmer avec exactitude la tendance générale des Algériens et ce pour la simple raison que le nombre d'Algériens est très important pour qu'il soit cerné par une étude pareille. L'invité d'El Moudjahid a souligné toutefois que le recours à ces pages et aux cheikhs d'autres pays musulmans peut s'avérer dangereux pour le référent religieux national. Les muftis et les cheikhs étrangers ne vivent pas dans la société algérienne et cela remet en cause leurs avis. Abordant le sujet de la généralisation de la finance islamique à travers les banques, le conférencier a fait savoir que le HCI n'a pas demandé au gouvernement d'aller vite. «Il a seulement sollicité l'ouverture des guichets au niveau des banques pour favoriser les transactions telles que dictées par l'islam», a-t-il précisé en mentionnant que la tâche nécessitera du temps. La favorisation des produits de la finance islamique viendra à bout de nombreux maux dont souffre actuellement l'économie nationale, notamment ceux en rapport avec le marché informel», a estimé l'invité du forum d'El Moudjahid.