L'église néo-conservatrice ne se contente pas de déformer l'image de l'islam, mais va plus loin en propageant un discours hostile contre l'Etat algérien, selon ce dernier. Le président du Haut conseil islamique HCI, M. Cheikh Bouamrane, stigmatise «le laisser-aller» affiché par le gouvernement dans le traitement du phénomène de l'évangélisation signalé dans plusieurs coins du pays. Hier, ce dernier a invité le ministère de l'Intérieur et celui des Affaires étrangères à réagir: «Je ne comprends pas pourquoi on n'a pas procédé encore au retrait de l'autorisation délivrée à l'église néo-conservatrice qui active en toute liberté à Tizi Ouzou et pourtant nous avons des preuves tangibles sur son implication dans la campagne d'évangélisation qui a touché notamment la Kabylie». «N'est- ce pas ces deux départements gouvernementaux qui ont attribué l'autorisation à cette église après avoir mené des enquêtes», s'interroge-t-il. Pour l'invité du forum hebdomadaire de l'Entv, cette église ne se contente pas de déformer l'image de l'islam, mais va plus loin en propageant un discours hostile contre l'Etat algérien. Le président du HCI estime qu'il faut agir vite. «En France, le gouvernement n'a pas hésité à expulser un imam à cause des déclarations qu'il aurait faites à la presse. Qu'est-ce qui nous empêche de faire la même chose avec le principal instigateur de l'évangélisation en Algérie», précise-t-il sur sa lancée. Notons que la question de l'évangélisation a été évoquée, paradoxalement, par le ministre des Affaires religieuses. Ce dernier s'est contenté apparemment de tirer la sonnette d'alarme. Conscient du danger de cette campagne, le HCI a dépêché des délégations en Kabylie pour enquêter sur ce phénomène et a remis un rapport détaillé au gouvernement. Sur un autre sujet, le conférencier a évoqué le projet portant création du poste du mufti El Djoumhouria, et reconnaît dans ce sens que «des divergences existent sur ce point entre le gouvernement et le Haut conseil islamique». «Nous avons soulevé quelques lacunes sur le projet qui nous a été transmis par le gouvernement», ajoute ce dernier. En somme, ce dernier estime qu'il est primordial que le mufti soit indépendant de la chefferie du gouvernement ou de la présidence. Un avis qui ne semble pas être partagé par certains cercles au pouvoir. Cheikh Bouamrane estime qu'il serait plus judicieux de rattacher le mufti au ministère des Affaires religieuses. En outre, il atteste qu'il est impératif «de définir très clairement les prérogatives du mufti». Pour rappel, ce projet qui est passé en conseil de gouvernement est gelé pour des raisons non déclarées. Sur un autre sujet, l'invité du forum assure qu'il n'y a aucun chevauchement entre les prérogatives du ministère des Affaires religieuses et les missions du HCI: «Le problème ne s'est jamais posé pour nous. Le ministère applique la politique du gouvernement, notre institution a beaucoup plus un rôle consultatif.» Enfin, ce dernier a salué les amendements apportés par le gouvernement au code de la famille, notamment en ce qui concerne le maintien du wali dans le contrat de l'acte de mariage pour la femme majeure. Sans s'étaler sur le sujet, le président du HCI a défendu le principe de la réconciliation nationale.