La chaîne de télévision franco-allemande Arte a organisé, jeudi, en son siège parisien, une rencontre-projection avec des journalistes. Elle y présentait les deux premiers épisodes d'une série de documentaires consacrée au Prophète de l'Islam. Producteur principal de cette série, Arte pèse l'importance d'une telle entreprise et les répercussions qui ne manqueront pas de se manifester dès la diffusion de la série prévue pour les 29, 30 et 31 janvier prochain, d'où son attachement à tirer au clair ses intentions et justifier sa démarche. La série de 5 épisodes, de 55 minutes chacun, une fresque intitulée tout simplement «Mahomet», a été écrite par trois co-auteurs. Présents lors de la projection, ils se sont défendus de tout parti pris subjectif et ont affirmé que les attentats du 11 septembre à New York et la campagne antiterroriste en Afghanistan n'ont, en rien, conditionné la conception du film. Le Tunisien Youssef Seddik, philosophe et antropologue, le Turc Tugrul Celal, cinéaste producteur et le Franco-espagnol Chema Sarmiento, réalisateur technique du film ont fait observer qu'ils se sont limités aux premiers âges de l'Islam et du monde arabe en se consacrant à la personnalité du Prophète Mohammed, afin d'échapper aux dissensions apparues après la mort du Prophète. Ainsi la période ciblée s'arrête au 8e siècle de l'ère chrétienne, une période où l'ancrage de l'Islam se limitait à la péninsule arabe. Alain Wiedet, directeur de l'unité «Thema» qui est derrière cette production, s'attend aux critiques «inévitables» en raison de la pluralité des lectures au sein du monde musulman qui, ajoutera-t-il, démontre «depuis longtemps et toujours ses prédispositions pour des controverses parfois violentes». Justifiant sa démarche, le directeur de «Thema» soutient qu'il s'est lui-même ainsi que toute l'équipe inspirée de cette recommandation du Coran qui exige de chacun d'accéder par lui-même au sens en lisant le Coran et en se méfiant de ceux qui intercèdent entre la parole de Dieu et celui qui la reçoit.