Qu'apportent les vacanciers émigrés à la région ouest du pays? Très peu de choses diront les citoyens que nous avons sollicités pour avoir une réponse à cette question qui se pose à chaque période estivale. En effet, cette année ce sont près de 15.000 émigrés qui ont débarqué au port d'Oran. Cet afflux est de l'avis de bon nombre d'Oranais, peu productif pour la région. «Hormis quelques menus emplois créés par les propriétaires de complexes hôteliers ou les plagistes, la région ne profite pas de cette manne tombée du ciel». On prête aux émigrés venus passer leurs vacances à Oran la volonté de jouer aux bourgeois endimanchés qui peuvent se permettre toutes les folies avec les économies de toute une année de travail passée à trimer là-bas. Mais cela n'est pas tout à fait vrai ni tout à fait faux puisque les émigrés tentent de peser de tout leur poids sur l'économie locale en sollicitant les services d'artisans, versés dans la confection d'objets de tourisme contraints en été de recruter de la main-d'oeuvre occasionnelle pour aller sur les plages proposer la production aux émigrés venus pour se ressourcer en Algérie. Il existe des familles qui osent pendant leurs vacances sur la Corniche oranaise recruter un chauffeur ou une femme de ménage pour s'occuper des travaux pendant que les enfants sont au bord de la mer. Les émigrés qui louent parfois à des prix prohibitifs des villas sur la corniche aiment se permettre un luxe et un farniente que peuvent leur permettre les euros échangés au marché noir. Mais cela justifie-t-il toute cette volonté de certains Oranais à diaboliser les émigrés perçus comme des gens venus d'ailleurs et ne pouvant être d'aucune manière utile à l'économie de la région? Non, car il faut croire que l'afflux estival des émigrés à Oran crée d'une manière indirecte des emplois. Certes, leur nombre est réduit et ils ne sont que saisonniers mais ils permettent à des étudiants et des lycéens de gagner de quoi préparer la rentrée. Des emplois comme serveur ou serveuse dans une pizzeria, une crèmerie ou même un restaurant est une manne pour certains qui sont peut-être accessibles sans l'afflux des vacanciers qui ne sont pas regardants sur la dépense. Il faut croire que les complexes hôteliers de la Corniche créent des emplois pour satisfaire la demande de la clientèle durant la haute saison. Des dizaines de jeunes réservent des postes dès le mois d'avril pour décrocher une place de serveur ou de groom dans un complexe touristique de la Corniche. Il existe même certains cabarets qui louent les services de certains jeunes pour servir de danseurs ou de cavaliers ou des filles comme «entraîneuses» pour certains établissements qui ne désemplissent pas durant la période estivale. Certains émigrés de retour au pays pendant les vacances ne s'embarrassent pas de détails pour verser dans un trafic réprimé par la loi comme celui de la pièce détachée ou encore celui des véhicules. Plusieurs sont « alpagués » avant la fin des vacances et nombreux sont ceux qui se retrouvent au bout en prison. Les casses de Chteibo travaillent à l'occasion grâce aux efforts d'apprentis recrutés parmi les recalés du système scolaire durant cette période estivale pour «désosser» des véhicules ramenés par des émigrés. Le tort n'est pas aux émigrés qui eux ne font que suivre une logique installée depuis des années, disent certains. La faute est au système économique hybride et illogique qui n'a pas prévu des canaux pouvant canaliser et faire profiter la communauté de cet apport saisonnier. La faute est à l'économie de la région qui s'est organisée autour de services ne pouvant générer des emplois et cela est une oeuvre qui doit être repensée pour permettre à la communauté de servir son pays comme il se doit, disent des Oranais.