L'Iran a affirmé hier que le non-aboutissement à l'ONU des efforts destinés à faire adopter une résolution sur le Yémen critiquant Téhéran représentait un nouvel échec pour les Etats-Unis. La Russie a opposé son veto lundi soir à l'ONU à une résolution britannique, soutenue par les Etats-Unis et la France, renouvelant l'embargo sur les armes au Yémen en épinglant l'Iran, et fait adopter à l'unanimité une résolution technique épargnant Téhéran. «Sur la base d'un rapport partial, ils ont essayé de faire passer une résolution faisant référence à l'Iran, mais ils ont échoué», a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par l'agence officielle Irna. «Il s'agit là encore d'un nouvel échec des efforts du gouvernement américain pour traîner l'Iran devant le Conseil de sécurité», a-t-il ajouté. «Au cours de l'année écoulée, le gouvernement américain a tenté plusieurs fois (...) et a échoué à chaque fois.» Depuis plusieurs mois, les Etats-Unis, qui ont pour bête noire l'Iran, font pression pour condamner et sanctionner Téhéran après les tirs par les rebelles Houthis du Yémen de missiles de fabrication iranienne sur l'Arabie saoudite en 2017. Un rapport d'experts de l'ONU estime que l'Iran a failli à ses obligations en n'empêchant pas l'arrivée au Yémen de ces missiles. «Il s'agit d'une allégation biaisée», a jugé mardi M. Aragchi. Les enquêteurs ont «fait leur propre jugement, avant même de se rendre en Iran et d'entendre ce que nous avions à dire. On voitclairement comment les autres ont influencé le rapport», a poursuivi ce responsable iranien, sans plus de précisions. Le rapport de l'ONU a affirmé aussi ne pas être en mesure d'identifier les responsables ou les canaux de transmission ayant permis aux Houthis de se doter de ces armes. Pour la Russie, le rapport de l'ONU n'apporte pas la preuve d'une implication directe des autorités iraniennes. Et les morceaux de missiles exposés récemment par les Etats-Unis, même s'ils sont iraniens, ne sont pas une preuve d'un rôle direct de l'Iran dans l'acheminement d'armement au Yémen en violation de l'embargo de l'ONU de 2015, estime Moscou. A la tête d'une coalition militaire, Riyadh mène depuis mars 2015 des bombardements réguliers au Yémen contre les rebelles Houthis, qui sont entrés dans la capitale Sanaa en septembre 2014. L'Iran est accusé par l'Arabie saoudite et les Etats-Unis de fournir des armes, notamment des missiles, à ces combattants issus de la minorité zaïdite (une branche du chiisme). «Nous allons poursuivre notre politique dans la région dans le sens de nos intérêts nationaux», a assuré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères.