Donald Trump se réjouissait ouvertement samedi soir du limogeage de l'ex-numéro deux du FBI, Andrew McCabe, saluant le départ forcé de sa bête noire comme «un grand jour pour la Démocratie» là où beaucoup dénonçaient une vendetta politique. Ravivant les inquiétudes sur les velléités de la Maison-Blanche de mettre un terme à l'enquête russe du procureur spécial Robert Mueller, l'avocat personnel du président américain, John Dowd, a lui dit espérer que le ministère de la Justice refermerait maintenant ce dossier. Cible depuis des mois des critiques virulentes de l'administration Trump, Andrew McCabe - qui avait quitté en janvier ses fonctions de directeur adjoint du FBI mais restait un employé- a appris son licenciement à 48 heures de pouvoir toucher, après plus de 21 ans de service, sa retraite de haut fonctionnaire. Donald Trump, lui, a martelé sur Twitter qu'il n'y avait «pas eu collusion entre la Russie et la campagne Trump». «Comme beaucoup le découvrent maintenant, en revanche, il y a eu une quantité énorme de fuites, de mensonges et de corruption aux plus hauts niveaux du FBI, de la justice et du (département) d'Etat», a-t-il poursuivi, avant de qualifier à nouveau l'enquête de Robert Mueller de «chasse aux sorcières», qui «n'aurait jamais dû commencer». C'est en reprenant l'expression «Vous êtes viré» qui a fait ses grandes heures de star de la téléréalité que Donald Trump avait salué peu après minuit, samedi, le nouveau coup de théâtre dans cette saga politique. «Andrew McCabe VIRE, un grand jour pour les hommes et les femmes du FBI qui travaillent dur - Un grand jour pour la démocratie». La réponse de ce dernier ne s'est pas faite attendre. Se déclarant victime d'une «guerre» menée contre le FBI et contre l'enquête du procureur spécial, Andrew McCabe a dénoncé «une entreprise sans précédent, conduite par le président lui-même», pour le «chasser» de son poste. Andrew McCabe avait dirigé le FBI par intérim de mai à août 2017, après le licenciement spectaculaire par Donald Trump du directeur James Comey. Il avait auparavant participé à l'enquête sur les courriels de Hillary Clinton. Une investigation que la candidate malheureuse contre Trump accuse d'avoir sapé ses chances de remporter la présidentielle mais dont certains conservateurs déplorent qu'elle ait été classée sans suite. A nouveau samedi, Donald Trump a accusé M. McCabe d'être trop proche de M. Comey ainsi que des démocrates. Et le président de tacler au passage sur Twitter l'ancien patron du FBI, l'une de ses cibles favorites. «Le moralisateur James Comey était son chef et a fait passer McCabe pour un enfant de choeur». «Il savait tout des mensonges et de la corruption qui régnaient aux plus hauts niveaux du FBI!». Caustique, James Comey lui a répondu sur le réseau social, faisant allusion à son livre à paraître en avril: «M. le président, les Américains entendront mon histoire sous peu. Et ils pourront juger d'eux-mêmes qui est honorable et qui ne l'est pas.» C'est après une enquête interne du FBI que le ministre de la Justice, Jeff Sessions, a annoncé son licenciement vendredi soir, mettant un terme à des semaines de suspense. Les services du FBI ont établi que M. McCabe a fait des révélations non autorisées aux médias et a «manqué d'honnêteté sous serment», une grave accusation. La décision de limoger M. McCabe a été prise «après une enquête complète et équitable» par bureau indépendant, a souligné Jeff Sessions. Le détails des faits retenus contre lui n'a pas encore été rendu public. Andrew McCabe a d'ailleurs déjà livré au procureur spécial ses notes personnelles, prises notamment après des conversations avec Donald Trump, selon CNN samedi.