Seuls cinq résidents ont concouru, mais ils ne font pas partie du Camra Ce second boycott s'est fait sous haute tension. Des résidents venus en «soutien» à leurs camarades candidats ont été interpellés par les forces de l'ordre. Boycott! La deuxième session de l'examen du Diplôme d'études médicales spécialisées (Dems) devait débuter, hier matin. Néanmoins, il a été une seconde fois boycotté par les médecins résidents en fin de cycle. «Ce sont les résidents en ophtalmologie qui étaient programmés pour aujour-d'hui (hier, ndlr) au niveau de la Faculté de médecine Ziania de Ben Aknoun. Mais chose promise, chose due: le Dems a été boycotté», indique un membre influent du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). «71 candidats des différentes facultés de médecine au niveau national ont refusé de passer leur examen», assure-t-il. «Seuls cinq résidents ont concouru mais ils ne font pas partie du Camra. Ce sont deux étrangers et trois médecins militaires. Ils sont obligés de passer cet examen...», soutient-il fièrement. Les membres de la commission chargée du déroulement et de la surveillance de l'épreuve d'ophtalmologie ont procédé, en présence du doyen de la faculté, à l'appel pour s'assurer de la présence des candidats. «On a répondu présent tout en levant nos écriteaux où il était mentionné: boycott!», rapporte un «boycotteur». Cela s'est toutefois fait sous haute tension. Des résidents venus en «soutien» à leurs camarades candidats ont été interpellés par les forces de l'ordre. «J'étais devant la Faculté de droit pour prendre un café avec un ami, la police nous a repérés de loin. Ils nous ont demandé nos papiers et nos convocations pour l'examen. Comme on n'en avait pas, ils nous ont embarqués», indique un résident en pédiatrie qui a fait partie des personnes interpellées. «Ils nous ont partagés en groupes. Le nôtre a été transféré au commissariat de Draria. On était une vingtaine», témoigne-t-il. Au total, selon les représentants du Camra, ils seraient plus d'une cinquantaine de médecins résidents à avoir été arrêtés par la police. Ils ont été transférés aux commissariats adjacents: Ben Aknoun, Draria, Chéraga, Zéralda, Khraïcia... La nouvelle de ces arrestations s'est propagée alors comme une traînée de poudre. Le Camra a décidé de réagir en organisant un sit-in à l'hôpital Mustapha. Quelques heures après, le calme est revenu: leurs camarades ont été libérés. «Ils nous ont transférés à bord de leurs fourgons. Ils nous ont enlevé nos papiers et téléphones portables. On a été retenus pendant plusieurs heures avant qu'ils nous libèrent sans aucun PV», a indiqué un autre résident arrêté par les services de sécurité. Ce dernier avoue cependant être venu prêter main forte à ses camarades «Demsistes». Pourquoi cet «envahissement» de la Faculté de médecine par les résidents non concernés par cet examen? Est-ce un moyen de pression contre ceux qui seraient tentés de «casser» le boycott, qu'ils fassent partie des résidents ou de l'administration? Ils répondent unanimement par la négative. «Le boycott a été décidé démocratiquement par la base. La question a été tranchée depuis plusieurs semaines. Donc il n'y avait aucune raison de faire pression sur qui que ce soit», insiste une membre active du Camra. Comme ses camarades, elle promet le même scénario pour le prochain examen (orthopédie) prévu pour samedi prochain. «Un seul mot: le boycott», réplique-t-elle. L'un des représentants des médecins résidents, le docteur Noureddine Djerrad a, lui, expliqué que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a fixé, entre le 18 mars et le 12 avril 2018, les dates des examens pour l'obtention du Diplôme d'études médicales spécialisées (Dems) dans 67 spécialités. «Mais cela sans prendre en compte la proposition du Camra, qui a demandé, lors de sa rencontre avec le ministre, une durée suffisante pour se préparer à ces épreuves», soutient-il. Le collectif annonce au passage la tenue ces jours-ci de réunions de consultation au niveau des différentes facultés de médecine nationales. «Il sera décidé l'année blanche et la démission collective», a-t-on appris auprès de membres du Camra. C'est donc de nouveau l'impasse! La situation qui semblait se «débrider» avec la réouverture des négociations, s'est encore une fois envenimée. Les menaces du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, ne sont pas étrangères à ce retour à la case départ...