Le tamazight à l'école, une réalité algérienne «On ne peut pas trancher aveuglément cette question cruciale», a affirmé le secrétaire général du Haut Commissariat à l'amazighité, Si El Hachemi Assad. Le débat promet de beaux jours. La question définissant le caractère alphabétique de l'écriture de la langue amazighe ne sera pas tranchée de sitôt. «On ne peut pas trancher aveuglément cette question cruciale», a affirmé le secrétaire général du Haut Commissariat à l'amazighité, Si El Hachemi Assad. S'exprimant lors d'un séminaire portant sur le thème «Tamazight, réalité et perspective», organisé hier par le Conseil de la nation, le porte-parole du HCA a estimé que c'est aux spécialistes et aux linguistes de décider du caractère. Selon lui, il ne faut pas noyer le débat sur la question du caractère et perdre de vue tous les acquis réalisés par le HCA jusqu'à présent. Partant de ce principe, Si El Hachemi Assad rappelle que l'académie va prendre en charge toutes les questions concernant l'inscription de la langue officielle, la généralisation de son enseignement et sa promotion. Ce chantier connaît une avancée. Le gouvernement a annoncé hier, sur son portail, l'achèvement du projet de loi organique relatif à la création de l'académie algérienne de la langue amazighe. «Ce texte fixe les missions, la composition, l'organisation et le fonctionnement de cette académie instituée par l'article 4 de la Constitution qui déclare que tamazigth est une langue nationale et officielle. Le contenu de ce projet sera rendu public après son examen en Conseil des ministres durant les prochaines semaines, avant sa présentation au Parlement durant le premier semestre en cours comme décidé par le président Abdelaziz Bouteflika», indique le Premier ministère dans un communiqué rendu public hier. En attendant cette académie, le Haut Commissariat à l'amazighité ne veut pas précipiter les choses sur le caractère d'écriture de la langue amazighe. Les spécialistes partagent également cet avis. Le professeur Mohamed El Hadi Harèche, spécialiste en histoire ancienne, qui a présenté un exposé sur l'enracinement historique de langue amazighe estime que la situation actuelle ne permet pas de trancher le caractère d'écriture de la langue en arabe, en latin ou en tifinagh. Pour lui, le plus important est que la langue soit étudiée et écrite par les enfants. «Ce n'est pas le caractère ou la langue qui développe une nation, bien au contraire c'est l'évolution de l'humanité qui fait avancer une langue», a soutenu Hirèche en citant le cas du Japon et de la Chine qui ont plus de 1000 caractères. En guise de réponse à certaines mauvaises langues, le conférencier a tenu à préciser que la langue amazighe date de plus de 8000 ans. Le spécialiste en recherche linguistique, Mohamed Djelaoui qui est intervenu à propos de l'évolution de la langue sur le plan linguistique et littéraire a reconnu que la définition du caractère d'écriture de la langue est une question très compliquée. «Il faut laisser le soin aux scientifiques et aux spécialistes de la linguistique pour décider du caractère, loin de toute polémique ou arrière-pensée politique», a-t-il plaidé. Djelaoui pense qu'il faut préserver ses acquis et oeuvrer à élaborer un projet national démocratique, linguistique et culturel pour aller de l'avant avec cette langue et éviter qu'elle soit un fond de discorde.