La Ville des Roses constituait un véritable berceau de ce sport. Le cyclisme qui était jadis, le sport favori des Algériens en drainant des foules notamment lors des différentes compétitions et tours, est réduit actuellement à sa plus simple expression vu l'absence des compétitions de grande envergure ces dernières années au niveau local et le manque flagrant d'encouragement et de soutien envers les amateurs de la petite reine. Les nostalgiques de ce sport n'ont qu'à se tourner vers le tour de France, à titre d'exemple, qu'ils peuvent suivre sur le petit écran le mois de juillet de chaque année où environ 200 coureurs disputent cette épreuve de plus de 3000 km, également appelée «la Grande boucle» en référence à son parcours circulaire le long des côtes, montagnes et frontières françaises. A ce propos, même si rien n'est fait pour le cyclisme national ces dernières années, un hommage est à rendre aux anciens du vélo qui ont honoré leur pays mais surtout leur cause devant l'assistance des grandes nations. La ville des Roses constituait un véritable berceau de ce sport où de grandes figures l'ont marqué, à l'instar de Zaâf, Abbas et Kebaili Ahmed. Ce dernier, qui nous a aimablement reçus chez lui à El Affroun est un cycliste octogénaire qui mérite quand même un hommage vu son passé glorieux et sa défense de la cause nationale. Il a participé cinq fois au tour de France entre 1950 et 1955, la course la plus exigeante en termes physiques. Cependant, il a cessé sa participation en 1955 suite à son arrestation par les autorités françaises pour participation active au côté du colonel Amrane, d'Ahmed Bouchaïb et Souidani Boudjemaâ à la Révolution armée. Cet ancien cycliste qui a fait ses débuts dans le Club sportif musulman (CSM) en 1941 dans la catégorie des 16-18 ans, a participé avec honneur à plusieurs étapes de cyclisme en Algérie, au Maroc et dans l'Hexagone où il compte à son palmarès plusieurs titres surtout avec son élection en 1952 comme meilleur sportif de l'année par de grands journalistes spécialisés de l'époque. Après son emprisonnement et sa libération en 1962, il s'est consacré à la défense du cyclisme où il a participé à la fondation de la Fédération nationale de cyclisme ave itre de directeur technique, et plus tard son président. Il a obtenu en janvier 2005 la médaille du mérite national et a fait l'objet il y a de cela quelques mois d'un portrait sur une chaîne TV française de grande audience. A propos du déclin du cyclisme chez nous, il dira: «les jeunes ne s'intéressent pas à la pratique du cyclisme qui est un sport difficile et dur à la fois et que tous les efforts des pouvoirs publics sont consacrés à la pratique du football au détriment d'autres disciplines», tout en déplorant l'absence d'infrastructures pour pratiquer entre autres, les épreuves sur piste car la compétition la plus pratiquée «timidement» est l'épreuve sur route. «Le cyclisme est fatigué et on n'a plus les éléments d'antan, même si les conditions de l'époque étaient difficiles contrairement à nos jours», ajouta-t-il avec un air marqué par la nostalgie et la consternation. Il faut dire que, certes, la Ligue régionale du cyclisme de Blida organise de temps à autre des tournées à travers son territoire mais cela reste timide et insuffisant vu la grande histoire d'amour qui lie la ville des Roses à la petite reine. Le recrutement de nouveaux sportifs et de jeunes talents dans le domaine qui battait son plein jusqu'aux années 80, se fait très rare. Les jeunes d'aujourd'hui ne s'intéressent plus à ce sport et les responsables du secteur n'essayent pas de les récupérer et de les convaincre quant aux bienfaits du cyclisme pour leur santé et pour leur moral. D'ailleurs dans certains pays, les médecins préconisent souvent le cyclisme aux enfants qui sont mal bâtis ou souffrant de scoliose. Il est également un bon moyen pour découvrir son pays mais surtout le monde grâce à la participation aux différents tours. Enfin, notre héros national à savoir M.Kebaïli Ahmed et tant d'autres espèrent que le sport qui a le plus de synonymes: santé, vitalité, forme, voyage, découverte, défi, course, maîtrise... sera réellement pris en charge tout en encourageant les jeunes d'aujourd'hui à s'inscrire dans cette discipline ô combien bénéfique pour eux.