Les projets gelés reprennent de plus belle avec la montée du prix du baril La hausse des cours de l'or noir balaie les scénarii les plus pessimistes écrits pour l'Algérie et fait baisser d'un cran le débat qui s'est instauré cette fin de semaine suite au rapport pessimiste de la Banque mondiale. Stoïque! L'économie nationale plie mais ne rompt pas. L'apocalypse n'aura pas lieu! C'est pratiquement la chronique d'une mort annoncée... Celle de l'histoire tourmentée entre l'Algérie et son pétrole. Des situations comme ça, elle en a déjà connues. La dernière remonte à la dégringolade des prix de l'or noir qui a commencé vers la mi-juin 2014. Le baril qui affichait environ 115 dollars est tombé à moins de 30 dollars mi-janvier 2016. Les commentaires ont été bon train sur une hypothétique faillite de l'Algérie dont l'essentiel des revenus provient de ses exportations d'hydrocarbures. Le niveau des réserves de changes est scruté, épié. Normal. Elles constituent l'ultime rempart contre la redoutable crise financière que traverse le pays. Les regards se sont donc focalisés plus que jamais sur le marché pétrolier, sur l'évolution du coût du baril. L'état de la trésorerie du pays en dépend. Mise à mal par la baisse des prix du pétrole, elle a poussé le gouvernement à prendre des mesures draconiennes pour réduire une facture des importations qui s'est élevée à plus de 45 milliards de dollars en 2017 et de recourir au financement conventionnel, renflouer les caisses du Trésor public et assurer l'équilibre budgétaire du pays. Un choix critiqué par de nombreux experts qui voyaient en elle une option génératrice d'une inflation galopante qui exposerait l'économie nationale à de dangereux déséquilibres. Une lecture renforcée par le récent rapport de la Banque mondiale qui annonçait que le «le pays se dirige vers une crise financière» alors que l'inflation atteindrait les 9% en 2020 en raison notamment de son recours à la planche à billets. Sombres perspectives que les médias ont relayées à satiété. A la limite de l'overdose. Voulait-on enterrer un peu trop vite l'Algérie? Doute-t-on à ce point de sa résistance à cette crise financière sans pitié? La Banque mondiale comme le Fonds monétaire international tenaient dans un passé récent un discours aux antipodes des toutes fraîches prévisions qu'ils destinent à l'Algérie. Les deux institutions de Bretton Woods avaient en effet mis en exergue sa robustesse, le bien-fondé des mesures prises par le gouvernement pour faire face à la crise, son nouveau modèle de croissance économique élevé au rang d'exemple que pourraient adopter d'autres pays pour diversifier leurs économies. Le retour au faste des prix du pétrole doit les inciter à rectifier le tir. C'est certainement la bonne nouvelle de l'année pour l'Algérie. Le baril est en plein boom. Hier vers 12h20 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 73,50 dollars à Londres. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile, le baril de «light sweet crude» pour le contrat de mai, se négociait à 68,11 dollars. Les prix du pétrole ont même testé la barre symbolique des 75 dollars. Celle des 80 dollars est dans leur ligne de mire. Une bouffée d'oxygène pour l'économie nationale. Pour le gouvernement qui va pouvoir desserrer l'étau. Ce qui doit éviter de faire tourner la planche à billets à plein régime. De bon augure pour la maîtrise de l'inflation qui reste pour l'instant, il faut le reconnaître, en dessous du seuil des 5% fixé par l'exécutif pour 2018. Les réserves de changes qui s'élèvent à 97 milliards de dollars ne doivent pas être chahutés outre mesure et les quelques chantiers qui ont dû être stoppés seront vraisemblablement relancés car les cours de l'or noir ont retrouvé de la vigueur. Ils pourront compter sur l'Opep et ses alliés pour maintenir la cadence. L'Arabie saoudite a déjà annoncé la couleur et verrait d'un bon oeil un baril à 80 dollars, voire 100 dollars. «Le premier exportateur mondial aurait besoin d'un prix du brut supérieur à 100 dollars pour atteindre son objectif de 2 000 milliards de dollars pour l'introduction en Bourse de son géant pétrolier, Saudi Aramco.» a déclaré Stephen Brennock, analyste chez PVM. «Dans le passé, nous avons connu des prix beaucoup plus élevés - deux fois plus qu'aujourd'hui», a indiqué le ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh juste avant la réunion de suivi de l'accord Opep non Opep qui s'est tenue, hier, en Arabie saoudite. Une déclaration qui indique que les pays producteurs redoubleront d'ardeur pour booster davantage le niveau du prix du baril. Les feux virent au vert pour l'or noir. L'Algérie peut entrevoir l'avenir en rose. Le ciel ne lui tombera pas sur la tête.