Le siège de l'Opep à Vienne L'Arabie saoudite se lance dans l'exploitation du pétrole de schiste après avoir décidé de laisser filer les prix du baril pour affecter la production américaine qui a inondé le marché de ce type de brut responsable de la dégringolade des cours de l'or noir. Paradoxal. Le président d'Aramco, la plus grosse compagnie pétrolière saoudienne du monde, trouve les prix trop bas mais soutient la position de son pays qui a décidé de maintenir le plafond de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, tout en louant le pétrole de schiste. «C'est trop bas pour tout le monde», a déclaré Khaled al-Faleh. «Je pense que même les consommateurs commencent à en souffrir», a-t-il ajouté lors du Global Competitiveness Forum, un rendez-vous annuel de hauts responsables économiques qui s'est tenu hier, dans la capitale saoudienne. Jusque-là tout va bien jusqu'au moment où le patron d'Aramco se met à encenser le pétrole de schiste responsable de la surabondance du marché et de l'effondrement des prix du baril. La production américaine de ce type de brut a fait chuter les cours de l'or noir de 115 dollars à moins de 50 dollars depuis le mois de juin 2014. Que fait l'Arabie saoudite qui vise à travers sa stratégie d'affaiblir l'offensive des Etats-Unis? La même chose! Le président d'Aramco a révélé, pour la première fois publiquement, que sa compagnie avait décidé d'une rallonge de sept milliards de dollars pour ses projets de production de ce type de brut (pétrole de schiste, Ndlr), s'ajoutant aux trois milliards déjà investis (par la firme) pour développer les énergies non conventionnelles, rapporte la presse internationale. «L'Arabie saoudite sera la nouvelle frontière après les Etats-Unis où le pétrole de schiste s'ajoutera aux autres sources d'énergie», a claironné Khaled al-Faleh. Troublant. L'Arabie saoudite se lance dans l'exploitation du pétrole de schiste après avoir décidé de laisser filer les prix du baril pour affecter la production américaine qui a inondé le marché de ce type de brut responsable de la dégringolade des cours de l'or noir. Riyadh a-t-elle roulé l'Opep dans la semoule? Les propos tenus par ce haut responsable recèlent, en effet, des indices irréfutables que les Saoudiens ont pensé d'abord à leurs intérêts en s'opposant à toute réduction de la production du cartel, afin de stopper la chute des prix de l'or noir. Le ministre algérien de l'Energie ne l'a-t-il pas dénoncé? «L'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres, en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et de défendre les revenus de ses pays membres», avait souligné, le 27 décembre, Youcef Yousfi qui a fustigé la position des gros producteurs de l'Opep. «Ces gros producteurs (l'Arabie saoudite, Ndlr) ont défendu leur position par le fait que les baisses opérées par l'organisation par le passé ont toujours profité aux pays non membres de l'Opep qui gagnaient des parts de marché supplémentaires à leurs dépens», avait-t-il fait remarquer. «L'actuelle baisse des prix du pétrole dans le monde résulte d'un complot politique entre certains pays (Etats-Unis et Arabie saoudite, Ndlr)» avait affirmé de son côté le président de la République islamique d'Iran dont le pays est sévèrement touché par la dégringolade des cours de l'or noir. L'Arabie saoudite a-t-elle trahi l'Opep? «La chute des prix du pétrole est le résultat d'un complot contre les peuples de la région et l'ensemble des musulmans», avait déclaré le 10 décembre dernier Hassan Rohani, cité par Press TV. Le réquisitoire peut paraître sévère mais la position de l'Arabie saoudite ne laisse aucun doute sur ses intentions égocentriques.