Raul Castro conforte Miguel Diaz-Canel La pérennité du système sera garantie comme n'a pas manqué de l'assurer Miguel Diaz-Canel en déclarant que «Raul Castro présidera aux décisions de grande importance pour le présent et l'avenir de la nation». A Cuba, une page d'histoire est tournée avec le départ annoncé de Raoul Castro, successeur de Fidel, qui avait cédé le témoin à son frère et tout aussi révolutionnaire, aujourd'hui âgé de 86 ans. Raul Castro laisse donc la place, à la présidence de Cuba à Miguel Diaz-Canel, mais lui et son jeune héritier de 58 ans vont maintenir le cap pour préserver l'héritage castriste à un moment où le pays est engagé dans une transition qui doit comporter une série de réformes, plus ou moins urgentes, et une ouverture prudente au voisin américain. Avec l'administration Obama, un rapprochement spectaculaire a été opéré, qui augurait de grands changements dans le domaine économique. En réalité, les dirigeants cubains restent pragmatiques et le retrait volontaire de Raul Castro, par-delà sa grande portée symbolique qui énonce la fin de six décennies de pouvoir castriste, ne signifie pas l'entame prochaine de bouleversements majeurs. D'ailleurs, Raul Castro restera à la tête du Parti communiste cubain (PCC), pilier du régime s'il en est, jusqu'en 2021 et le message au cours de la cérémonie de passation, jeudi dernier, entre les deux hommes a été d'une extrême limpidité. La pérennité du système sera garantie comme n'a pas manqué de l'assurer Miguel Diaz-Canel en déclarant que «Raul Castro présidera aux décisions de grande importance pour le présent et l'avenir de la nation». Le message ne saurait être plus clair. «Il n'y a pas d'espace pour une transition qui ignore ou détruit le legs de tant d'années de lutte», a-t-il insisté. Et pour cause! Dans l'instance exécutive qu'il va diriger, un Conseil d'Etat, dont la composante vient d'être récemment renouvelée, on trouve plusieurs figures historiques du castrisme comme Guillermo Garcia Frias, 90 ans, Leopoldo Cintra Frias, 76 ans, ou Ramiro Valdes, 85 ans, solidement ancrés dans une mission de vigilance qui ne laisse aucune place à des tentatives voulues ou supposées de changement radical. Si réformes il doit y avoir, et là le consensus est apparemment acquis, elles se feront à doses homéopathiques pour ne pas risquer de perturber les assises du régime. Conscient des adaptations nécessaires au contexte international et, plus particulièrement, aux défis économiques, Raoul Castro avait déjà entrepris, ces deux dernières années, des réformes par petites touches. Il a du coup annoncé, jeudi dernier, qu'une révision constitutionnelle devra avoir lieu pour adapter la loi fondamentale aux «transformations politiques économiques et sociales» du pays. Sans fixer de date précise, il a énoncé qu'il y aura pour cela un référendum et que Cuba pourrait se voir doter d'un Premier ministre chargé de conduire la politique gouvernementale, dans le respect du dogme socialiste «irrévocable». Le nouveau président, un ingénieur en électronique, est certes formé à l'école du castrisme, mais il aura pour tâche de mener à bien la mutation économique dont a fortement besoin le pays. Avec un PIB qui a connu une légère hausse en 2017 (+1,6%) Cuba doit tenir compte de la situation qui prévaut chez son allié vénézuélien et la tendance droitière qui caractérise la majorité des pays d'Amérique latine et centrale. Le premier défi qui attend le nouveau président concerne la réunification monétaire et la décentralisation économique. Cuba est en effet tributaire d'une dualité monétaire unique au monde dont les conséquences concernent depuis 1994 des distorsions difficiles à maîtriser. Mais Diaz-Canel n' a pas attendu pour lancer un avertissement solennel à «ceux qui aspirent à une restauration du capitalisme» dans l'économie cubaine, message qui vise particulièrement les partisans d'une mutation à la chinoise donnant le beau rôle à l'économie de marché. «Cette législature, a-t-il assuré, défendra la révolution et poursuivra son perfectionnement.» Le futur gouvernement qu'il conduira ne sera connu qu'en juillet prochain, et, pour l'heure, il s'agit de mettre en place les mécanismes d'une gestion bicéphale qui, pour la première fois dans l'histoire du régime castriste, devra dissocier la présidence du Conseil d'Etat et le secrétariat général du parti. Une chose est sûre, la transformation du pays obéira au sillage d'un long fleuve tranquille, l'investiture de Diaz-Canel étant une assurance pour Raul Castro de transmettre complètement le témoin dans les meilleures conditions de pérennité et de sécurité du système.