Il persifle et signe: le milieu Adrien Rabiot, qui «assume toutes les conséquences» de son refus d'être suppléant de l'équipe de France en vue du Mondial-2018, défie frontalement Didier Deschamps en l'accusant de l'avoir écarté «sans aucune logique sportive». Le Parisien de 23 ans est sorti de son silence via une lettre publique diffusée par RTL. S'il y assure son amour du maillot bleu, nulle repentance, au contraire. «Si j'ai décidé de me retirer de la liste des suppléants, c'est que je considère que le choix du sélectionneur à mon égard ne répond à aucune logique sportive, car depuis toutes ces années, le message était clair, ce sont les performances qui ouvrent les portes de l'équipe de France», explique-t-il. Rabiot, habitué aux rassemblements de l'Equipe nationale depuis fin 2016 (pour six sélections, dont quatre titularisations), s'est fait doubler dans la liste finale par le Sévillan Steven N'Zonzi, qui n'avait été convoqué qu'une seule fois, en novembre 2017. Son choix de refuser le strapontin de suppléant aux côtés de dix autres joueurs, censés se tenir prêts en cas de blessure parmi les 23 mondialistes, révélé mercredi par L'Equipe et Le Parisien, a soulevé un tollé. Deschamps lui-même l'a repris de volée mercredi en pointant «une énorme erreur», car «dans le très haut niveau, il n'y a pas de place pour les états d'âme». Et Rabiot lui a renvoyé la balle vendredi: «Je suis un compétiteur sans états d'âme, mais je suis aussi un homme, et à ce titre j'aurais aimé être considéré comme tel». «Je me doutais du retentissement qu'aurait ma décision, mais je déplore d'être caricaturé comme un jeune joueur immature incapable de mesurer la portée de ses actes», écrit-il en réaction à la vague de réprobation suscitée. Le capitaine Hugo Lloris avait pour sa part, jeudi dans Le Figaro, critiqué «la forme» du refus et avancé que «la meilleure façon de montrer son mécontentement, c'est en l'actant sur le terrain, en étant professionnel et en essayant de donner tort à son sélectionneur et entraîneur. Maintenant, Adri est un jeune joueur...» Sa décision a été critiquée jusqu'au sommet de l'Etat, puisque après le porte-parle du gouvernement Benjamin Griveaux, Emmanuel Macron a estimé vendredi sur BFM depuis la Russie à propos de cet «excellent joueur»: «Il aurait dû aller jusqu'au bout de la confiance qui lui était donnée, mais il ne m'appartient pas, quand même, de commenter ses choix». Rabiot écrit que son «rêve, comme tous les footballeurs», est de «jouer pour [s]on pays»: «Porter le maillot bleu est pour moi un honneur, une fierté. Gagner avec la France, gagner pour la France, est une mission. Depuis l'âge de 15 ans, j'ai défendu les couleurs de la France dans toutes les catégories de jeunes, jusqu'à atteindre l'équipe A. J'ai la culture France». Avant d'asséner: «Aussi, je n'autorise personne à parler en mon nom de ma relation avec l'équipe de France.» Chez les joueurs passés en conférence de presse vendredi, avant la publication de la lettre de Rabiot, le plus sec a été le gardien Steve Mandanda, le doyen du groupe à 33 ans: «Pour la plupart, moi y compris, je ne l'aurais pas fait. «Adri» est un grand garçon, il a pris cette décision, c'est un choix qu'il doit et va assumer. Nous, on va se préparer au mieux et on ira là-bas avec ceux qui ont envie d'aller à cette grande compétition.» Le milieu offensif Nabil Fekir, lui, a été un peu plus compréhensif: «Adrien Rabiot est un grand garçon. Il fait des choix, il prend des décisions, il faut qu'il assume. Je comprends entièrement sa déception.» Le défenseur central Samuel Umtiti a botté en touche: «Chacun fait ses choix. Je n'ai rien à dire, je ne suis pas à sa place pour savoir ce que j'aurais fait ou pas.»