Pas moins de 96 pays, au lieu des 80 prévus, ont pris part à cette rencontre internationale qui a jeté les premiers jalons d'un dialogue mondial interparlementaire «L'Algérie a mené une bataille contre le terrorisme sur le terrain et au plan juridique. C'est ce qui a poussé la communauté internationale à adopter une résolution criminalisant le payement des rançons», a expliqué le député Amar Djilani lors de son intervention dans l'un des ateliers. Le forum international pour le développement du parlementarisme organisé par la Douma (le Parlement) de la Fédération de Russie, s'est ouvert hier, en fanfare. Pas moins de 96 pays, au lieu des 80 prévus, ont pris part à cette rencontre internationale qui a jeté les premiers jalons d'un dialogue mondial interparlementaire. Une sorte de brainstorming qui met en interaction les parlementaires et les intellectuels autour d'une même table en vue de créer de nouvelles méthodes de travail. Participant à cette rencontre avec un sénateur, Saâdani Saïd, et deux députés, Amar Djilani et Safi Laârbi ainsi qu'un enseignant chercheur en stratégie, Mohamed Saïd Mekki, l'Algérie a eu à exposer son expérience parlementaire et sa législation en rapport avec la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. «Dans ce forum, nous sommes venus écouter, mais aussi exposer le rôle de l'Algérie qui a acquis une expérience indéniable en la matière», a expliqué Amar Djilani qui a eu à intervenir dans l'un des ateliers du forum, consacré aux relations interparlementaires entre la Russie et l'Union africaine. «L'Algérie a parfaitement adapté sa législation vis-à-vis de la lutte contre le terrorisme qu'elle mène sans répit. Il y a la loi adoptée par le Parlement en 2005, mais aussi d'autres lois visant à assécher le financement du terrorisme. Il ne faut pas oublier que c'est l'Algérie qui a été la première à poser, au plan international, le problème de financement du terrorisme. C'est une bataille acharnée et la communauté internationale a fini par adopter une résolution criminalisant le paiement des rançons. C'était l'initiative de l'Algérie», a rappelé le député Djilani. «En ce moment il y a une nouvelle donne dans le travail parlementaire: c'est la tri-diplomatie qui conjugue le travail des ONG, des réseaux sociaux avec celui des parlementaires. Le défi consiste à faire converger ces trois éléments», a expliqué, pour sa part, l'expert Mohamed Saïd Mekki. «Il faut constituer un nouvel axe en Afrique avec l'appui de la Russie. Ce pays a énormément fait pour le soutien de la Palestine et du Sahara occidental. Il convient aussi de trouver le moyen de renforcer la paix avec les ONG et les réseaux sociaux et non le contraire» a ajouté Mekki rappelant que la libération des otages algériens en Somalie, il y a de cela quelques années, grâce à l'entremise du Croissant-Rouge algérien, «est un bel exemple de cette diplomatie de paix que peuvent mener les ONG». 96 pays, 78 parlementaires, 51 délégations parlementaires, 19 présidents de Parlement, 11 organisations parlementaires internationales et 116 experts et intellectuels ont pris part à ce forum inauguré par le message envoyé par le président russe Vladimir Poutine aux participants. «Le nombre et le niveau de représentation des participants à ce forum traduit la haute importance de cette rencontre qui sera une opportunité pour discuter du terrorisme et de la migration clandestine», a affirmé Poutine dans son message avant d'ajouter que «la diplomatie parlementaire vise actuellement le règlement des conflits et le rapprochement des pays». Et c'est V. V. Volodine, le président de la Douma de la Fédération de Russie qui enchaîne par une allocution tranchante dans laquelle il n'a pas ménagé les pays qui imposent, unilatéralement, les sanctions à d'autres pays. «Ce forum, a-t-il dit, est appelé à élargir la diplomatie parlementaire qui a un rôle extrêmement important dans un contexte international marqué par un comportement irresponsable de certains pays à imposer unilatéralement des sanctions à d'autres pays» a-t-il dénoncé. «Sur la base de la diversité des cultures et des opinions qui seront exposées dans ce forum, nous trouverons le moyen de faire face aux défis du terrorisme, bâtir des relations de confiance à même d'esquisser des solutions à plusieurs problèmes», a encore souligné le président de la Douma. «Il est aujourd'hui nécessaire de retrouver la légitimité internationale perdue en raison de la guerre médiatique qui érige de nouvelles barrières et de nouveaux murs entre les nations», a-t-il souligné avant de rappeler à l'adresse de «ceux qui tentent d'isoler des pays s'isolent eux-mêmes», rappelant que les nouvelles alliances naissent et se construisent. Il en veut pour éclatante démonstration l'axe eurasien: «La Chine, la Russie, l'Iran et le Vietnam viennent de signer des accords d'intégration eurasiatique très prometteurs.» Le président de la Douma a conclu que «face aux multiples défis dans le monde et qui guettent les nations, il est plus facile de chercher des solutions de manière collective que d'y aller en solo. Le monde a besoin d'une législation progressiste pour atteindre un avenir digne pour toutes les nations». En plus de l'Algérie et du Maroc et la Libye, l'Afrique était également représentée par plusieurs délégations. C'est le président de l'Assemblée nationale de la République de Guinée qui a capté l'attention. Il a prononcé une brillante allocution non seulement en séance plénière, mais parmi les deux premiers intervenants, après les officiels russes, ce qui n'a pas été le cas des autres délégations africaines. Claude Kory Kondiano a appliqué à la lettre l'action de la diplomatie parlementaire. Il a longuement disserté sur son pays, ses relations avec la Russie, exposé les atouts de la Guinée pour les investissements, sollicité l'aide et l'appui de la Russie pour le développement de son pays avant de proposer tout simplement d'accueillir la prochaine rencontre Russie -Afrique. Après la séance d'ouverture, les travaux se sont poursuivis, hier, sous-forme d'ateliers touchant à plusieurs sujets dont le terrorisme, la migration illégale, le rôle des nouvelles technologies, le rôle des Parlements dans l'économie, etc... A noter enfin que ce forum redonne toute sa dimension à la diplomatie parlementaire dans un contexte marqué par un déficit de confiance entre les Etats. L'initiative vise à réunir, sur la même plate-forme, les parlementaires, les leaders mondiaux de l'opinion publique et les intellectuels, afin de promouvoir l'ordre du jour, unificateur de la coopération parlementaire internationale. Les travaux seront clôturées par l'adoption d'une résolution finale.