«Il faut un leader et la Russie est toute désignée de par sa puissance et son histoire» En organisant ce forum, la Russie vient de réaliser une grande prouesse diplomatique. Elle n'est plus ce pays à l'autoritarisme glacial que montrent les médias occidentaux. Une ambiance des grands jours a régné, hier, à la clôture, en fin d'après-midi, du Forum international pour la diplomatie interparlementaire. D'intenses et passionnants moments d'échanges ont marqué les ateliers de travail consacrés à plusieurs thèmes. Ceux-ci ont notamment porté sur la jeunesse, la liberté d'expression, l'économie Afrique-Russie, la sécurité et la défense où, notamment, les questions du terrorisme et de l'émigration illégale ont été abordées. Le rôle des parlementaires dans chacun de ces thèmes a été au centre des discussions. La Russie en fera-t-elle une opportunité de lobbying? C'est possible estiment certains participants alors que d'autres privilégient l'aspect fondamental de ce forum qui est celui de l'échange et des rencontres. «Tous les arguments sont valables. Mais me concernant, je suis ici pour écouter et échanger. Il faut que les représentants des peuples soient libres de leurs opinions et actions», note Michel Larive député de l'Ariège du parti la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. «C'est très intéressant de voir la diversité des opinions et par moments leur complémentarité», souligne notre interlocuteur. Mais la situation géopolitique et l'accélération des événements font que la Russie est devenue par la force des choses l'allié de ceux-là mêmes qui lui imposent des sanctions. La décision unilatérale américaine prise sur la taxation de certains produits dont l'acier, met le monde, particulièrement l'Union européenne, dans un sérieux embarras. «On vous l'a dit», semblent répliquer les Russes. «Il est tout à fait logique que l'on se mette dans une posture de réaction face à ces décisions irraisonnables et irresponsables d'un seul homme qui n'est autre que Donald Trump», explique Larive. Une lourde tendance dans ce forum a abondé dans ce sens. Il est temps de mettre fin à cet unilatéralisme. «La Russie revient au-devant de la scène internationale depuis la guerre en Syrie et ce retour n'est qu'une très bonne chose pour l'équilibre des forces mondiales», estime Maria Saadeh, ancienne députée syrienne et consultante en architecture. «Quand Bachar Al Assad a dit non aux injonctions américaines, la Russie s'est jointe à cette tendance et a elle aussi dit non à l'unilatéralisme américain pour diviser la région. La Russie bien évidemment protège ses intérêts dans la région car la Syrie constitue sa ligne rouge de défense», affirme l'ancienne députée syrienne, pour qui, le monde a aujourd'hui besoin d'un leader qui va fédérer une certaine tendance qui se met en place. «Il y a actuellement une bonne partie des peuples européens qui sont contre ce que font leurs dirigeants devenus des croupions des Américains. A ces Européens, s'ajoute la majorité des pays africains et d'Amérique du Sud. Il faut donc un leader pour conduire cette tendance et la Russie est toute désignée de par sa puissance et son histoire», analyse la députée. «En Afrique nous nous battons, mais nous sommes face à un mur. Le mur des Occidentaux, nos voix sont inaudibles. Pour élire un président on doit avoir l'aval des puissances occidentales, ces mêmes puissances tiennent ces présidents fantoches livrés pieds et poings liés à ces puissances», s'indigne un député malien de l'opposition avant de souligner la nécessité du retour de la puissance russe car «le monde est à présent boiteux». Dans son intervention lors de l'atelier consacré à la liberté d'expression, le député Larive s'est posé la question: comment faire pour ne pas tomber dans un processus de censure de la presse et il a proposé deux pistes: la première tient à l'éducation des enfants et au discernement. Cette action en aval est très importante en ce sens qu'elle consiste à initier les jeunes à faire la différence entre la bonne et la fausse information. «Il s'agit de développer l'éveil des jeunes à faire la différence entre les vraies et les fausses nouvelles», a expliqué Michel Larive. La seconde piste consiste à créer un conseil de déontologie qui attirera l'attention sur les fausses nouvelles. Ce conseil doit être composé de parlementaires, de citoyens et de journalistes et doit avoir un pouvoir de décision de sorte à ce que son avis puisse influencer la qualité des informations fournies par tel ou tel autre média. «Bien évidemment il ne s'agit pas de faire un ministère de la censure, mais d'encourager la diffusion d'informations justes et crédibles», ajoute le député de la France Insoumise. En organisant ce forum, la Russie vient de réaliser une grande prouesse diplomatique. Elle n'est plus ce pays à l'autoritarisme glacial que montrent les médias occidentaux. Mais c'est le pays qui privilégie le droit international, la négociation, les échanges et les rencontres sans pour autant piétiner la souveraineté des autres pays. Incroyable avatar des choses. C'est exactement ce qui est reproché par la communauté internationale aux Etats-Unis d'Amérique.