Souveraineté. L'Algérie vient de claquer la porte de la commission de l'application des normes de l'OIT (Organisation internationale du travail) nous a appris, jeudi dernier, un communiqué de notre ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. La raison est que, non contente de «toutes les informations pouvant contribuer à l'éclairer au sujet des observations adressées à l'Algérie par la commission d'experts, étayées de tous les documents probants et de toutes les pièces justificatives» ladite commission a, malgré tout, pris la décision de «l'envoi d'une délégation de haut niveau» en Algérie. Décision que l'Algérie «rejette sur le fond et la forme». De quoi s'agit-il réellement? C'est hier vendredi que s'est clôturée la conférence de l'Organisation internationale du travail ouverte le 28 mai dernier. L'Algérie était représentée par une délégation conduite par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali. La commission dont il est question est une structure du BIT (Bureau international du travail) qui, lui-même, est, en fait, le secrétariat permanent de l'OIT. C'est le secrétaire général du ministère du Travail, Khiat Mohamed, qui le 4 juin dernier a déclaré devant ladite commission que sa décision était irrecevable. Dans sa déclaration, il reproche à la commission de s'être «contentée des déclarations de deux personnes sans aucune représentativité d'une part et de l'exploitation d'articles de presse non documentés» en ignorant «les arguments et documents» fournis par l'Etat algérien et s'être empressée de prendre «la décision de recommander l'envoi d'une mission de haut niveau (en Algérie, Ndlr)». En clair, la commission en question veut pousser l'OIT à envoyer une commission d'enquête en Algérie sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical tels qu'énoncés par la convention N° 87 de l'OIT. Et pourquoi cela? Il paraît aussi clair que c'est suite à «l'assainissement» de la liste des syndicats algériens «représentatifs» décidé par le gouvernement en mars dernier que les manoeuvres ont commencé dans les rouages de l'OIT. Au lieu d'inciter à l'adhésion le plus grand nombre des travailleurs, certains syndicalistes, comme les «deux personnes» que cite Khiat préfèrent le grenouillage pour des raisons qui sont les leurs. Et quand ces grenouilleurs trouvent, parmi les membres de ladite commission, un Marocain et un Brésilien pour les appuyer, on obtient le résultat que l'on sait. Rien ne le laissait présager car notre ministre du Travail a eu des rencontres avec le DG de l'OIT ainsi qu'avec la directrice de département des normes internationales du BIT, au cours desquelles il a souligné «les efforts importants déployés par l'Algérie pour la promotion du droit au travail et de la protection sociale, le droit syndical et le droit à la grève, des droits totalement consacrés dans la Constitution du pays». Cette affaire a un côté risible. Notre pays a ratifié la convention N°87, dont il est question, en 1962, trois mois après l'indépendance. Le Maroc et le Brésil avancent cette convention pour «coasser» avec les grenouilleurs, sauf que leurs propres pays ne l'ont, à ce jour, pas encore ratifiée. Plus sérieuse est l'hypothèse algérienne d'un «retrait partiel ou total» de l'OIT. On ne transige pas avec notre souveraineté!