Abdelkader Messahel Ces signes d'un rapprochement évident interviennent dans une conjoncture géostratégique particulière. Alger et Washington ont fait leur cette célèbre citation du général de Gaulle: «Les Etats n'ont pas d'amis. Ils n'ont que des intérêts.» Cette propension à la realpolitik entre les deux pays se décline à travers une remarquable densité des échanges durant ces deux derniers mois. A l'invitation du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel prendra part à une Conférence ministérielle sur les libertés religieuses qui se tiendra aujourd'hui et demain à Washington. Messahel s'entretiendra, en marge de cette conférence, avec de hauts responsables de l'administration et du Congrès américains. Cette proximité politique qui intervient dans un contexte régional très tendu, notamment avec les conflits malien, libyen, témoignent-ils d'une «nouvelle ère dans la coopération «algéro-américaine»? Il ne peut en être autrement à voir les échanges de visites de haut niveau entre les deux pays ces deux derniers mois. Le but recherché étant de concrétiser un triptyque tracé par l' administration Trump: le business, la sécurité et la géopolitique. Le premier point est confirmé par un rapport élogieux publié le 20 juillet dernier par le département d'Etat affirmant que l'Algérie représente une destination attractive pour les investisseurs américains. Le document évoque «des opportunités considérables» dans pratiquement tous les secteurs économiques. Business is business. Le département d'Etat souligne bien que l'Algérie est «un marché lucratif», offrant un potentiel important pour les compagnies américaines en matière d'investissement. Un rapport qui arrive au moment où les relations économiques avec son principal partenaire, l'UE, sont très dégradées. Deux jours auparavant c'est une délégation de parlementaires algériens, qui a pris part aux travaux du Forum politique de haut niveau sur le développement durable à New York pour débattre du thème: «Transformer nos sociétés pour les rendre viables et résilientes.» Comme perche tendue au message par le président Bouteflika à l'occasion de la fête nationale américaine du 4 juillet, c'est le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo qui adresse un chaleureux message au peuple algérien à l'occasion de la fête d'indépendance. «Les Etats-Unis appréciaient grandement leur amitié étroite avec l'Algérie», a-t-il déclaré, réaffirmant l'engagement de son pays à promouvoir la coopération bilatérale. «Au nom du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique, je transmets mes félicitations pour l'anniversaire de l'indépendance de l'Algérie», écrit le chef de la diplomatie américaine dans son message de félicitations à l'occasion de la fête de l'indépendance de l'Algérie. «Les Etats-Unis apprécient grandement leur amitié étroite avec l'Algérie et nos pays ont bénéficié de nos efforts pour faire avancer nos intérêts communs en matière de sécurité, de prospérité et de croissance économique», souligne Pompeo dans sa déclaration publiée par le département d'Etat. Et d'ajouter: «Nous avons hâte d'approfondir davantage notre coopération bilatérale et d'élargir les liens étroits entre les peuples américain et algérien.» Lors de la 5ème session de ce dialogue algéro-américain qu'il a coprésidée avec le secrétaire d'Etat américain adjoint, John Sullivan, le ministre des Affairés étrangères, s'est félicité de la qualité des relations «exceptionnelles» qui lient l'Algérie aux Etats-Unis d'Amérique, dont le dialogue sur les questions sécuritaires et la lutte antiterroriste est une «illustration» de la qualité de ces relations. Autre maillon important des relations entre les deux pays: la coopération sécuritaire et le dialogue militaire. C'est dans ce cadre qu'a débarqué en mars dernier à Alger, le commandant de l'Africom, le général américain Thomas Waldhauser, pour discuter «des opportunités de coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme» dans la région. Cela intervient également au moment où une forte pression s'abat sur l'Algérie via la mise en place de la force G5 Sahel à laquelle l'Algérie a catégoriquement refusé de participer. C'est dire l'intensification des échanges algéro-américains signes d'un rapprochement évident dans une conjoncture géostratégique particulière où l'Algérie est à neuf mois d'un rendez-vous électoral de haute importance aussi bien pour le pays, les partenaires et pour toute la région d'Afrique du Nord et du Sahel.