Les travaux d'aménagement et de terrassement ont coûté plus de 20 milliards de centimes. Ce qui fut pendant plus de trois décennies le projet de l'avenir et de l'espoir de toute une région, et qui allait probablement participer à l'aplanissement des cruelles différences sociales, est peut-être en train de basculer définitivement dans les oubliettes. Le dossier de l'usine de ciment, promise pour la région de Djelfa, végète sans doute quelque part dans un des nombreux ministères qui se sont succédé dans sa prise en charge depuis 1973, date à laquelle l'étude technico-économique - faisabilité - avait abouti aux conclusions probantes. Depuis, la région n'a eu de cesse de nourrir l'idée de voir disparaître le spectre du chômage sachant qu'une pareille réalisation industrielle créerait non seulement des emplois directs, mais aussi charrierait dans sa lancée, des emplois induits indépendamment des petits boulots qui graviteraient autour du site d'exploitation. En outre, cette usine est considérée par les spécialistes du développement comme une industrie industrialisante, par conséquent, elle a un effet d'entraînement qui permettra l'éclosion de petites industries corollaires. Longtemps, l'on avait cru que cette usine allait prendre forme, de surcroît tout récemment, suite à un ballet d'investisseurs privés de toutes nationalités: chinois, turcs, qataris, etc. La situation est au statu quo. Le terrain d'assiette situé dans la localité d'Aïn El Bel et qui répond parfaitement aux conditions environnementales, est toujours en l'état. Pourtant, des sommes faramineuses ont été déboursées pendant la période faste dans la réalisation des terrassements et des forages ainsi que dans la venue de l'électricité en moyenne tension. Le tout a nécessité la bagatelle de 20 milliards de centimes de l'époque ! Au début de l'année 2004, le ministre de l'Industrie, M. Djaâboub, avait été clair en déclarant, au cours de sa visite dans cette wilaya, le désengagement de l'Etat vis-à-vis de l'investissement public suite à l'amorce sans transition par l'Algérie d'une nouvelle ère politico-économique qui prône fondamentalement la rupture d'avec le processus d'industrialisation à l'ancienne. Il ne reste donc plus à cette région qu'à escompter de l'Etat d'accompagner d'éventuels investisseurs dans le choix du site en question, le cas échéant, espérer un redimensionnement de ce site et sa réservation à d'autres fins. Car s'agissant de la première variante, l'expérience pas si loin d'Orascom/Ciment est encore vivace, selon un expert ayant participé au projet et qui a préféré garder l'anonymat. Pour rappel, le site d'Aïn El Bel n'avait pas obtenu les bonnes grâces des décideurs malgré son avantage indéniable d'être fin prêt pour accueillir l'investissement et aussi de disposer d'un gisement en matière première, ce qui le plaçait incontestablement en pole position, selon le même expert. Orascom/Ciment fut dirigé vers un site entièrement vierge dans une wilaya limitrophe ! Au cours de la même visite, le même ministre avait expliqué que l'Etat ne possède pas la latitude de choisir le lieu d'implantation, dès lors que l'économie est libérale et qu'il échoit aux partenaires d'en juger l'opportunité. Faut-il alors s'interroger sur la notion de l'équilibre régional, de la vision macroéconomique lorsqu'il s'agit d'investissements lourds et surtout le rôle dévolu aux agences nationales d'orientation et de régulation de l'investissement? En même temps, l'Office national des statistiques classe la région de Djelfa dans la catégorie des wilayas les plus pauvres d'Algérie où le taux de chômage caracole à presque 40% de la population active!