Le 24 août dernier, une «source proche» de l'«Arlésienne» des autoroutes (ADA) déclarait, avec tambours et trompettes, que le système de péage sur l'autoroute Est-Ouest entrerait, bel et bien, en vigueur dès la mi-novembre prochaine, allant jusqu'à indiquer les tarifs qui devront osciller entre 1 et 1,5 DA par km. Dans la foulée, ce «responsable» affirmait aux médias que le taux de réalisation des gares de péage de pleine voie (BPV), réparties sur les trois régions Est, Ouest et Centre, a «atteint 85%», mettant l'accent sur le fait que «tous les obstacles entravant l'état d'avancement des chantiers ont été levés». Il a ainsi évoqué la mise en place de 55 stations de péage permettant aux usagers de la route de «bénéficier» d'un service de proximité et d'une prise en charge, en adéquation parfaite avec les services de sécurité (police, gendarmerie) et la Protection civile. L'information devenait d'autant plus crédible qu'elle était relayée quelques jours plus tard par le premier responsable du secteur, nonobstant une erreur par-ci par-là (54 stations au lieu de 55, par exemple), mais, au final, le rendez-vous restait fixé à la date approximative de fin novembre, devenue, par la force des inerties, fin de l'année 2018. Grâce aux révélations distribuées en marge de l'inauguration de la 15e édition du Salon international des travaux publics, au Palais des expositions des Pins maritimes, à Alger, on apprenait aussi que l'autoroute Est-Ouest sera dotée d'une radio qui diffusera toute information utile, de 1289 caméras de surveillance, d'un système de météorologie, d'un réseau de fibres optiques et d'un réseau d'appel d'urgence (RAU). Surtout, il était clair pour tout un chacun que la livraison de la totalité des stations reste prévue avant la fin 2018, auquel cas il sera «aussitôt procédé au lancement du péage». Fort heureusement, le même responsable du secteur des transports et des travaux publics tiendra à rappeler que la condition préalable demeure néanmoins la «mise en place de tous les axes liés aux prestations de services», et il a affirmé en outre qu'«aucune tarification n'a encore été fixée. Des bureaux d'études spécialisés s'attellent à cette question», concluait-il sans que les conséquences de l'indication ne soient tirées par qui que ce soit. Voilà qu'elles le sont, puisque Abdelghani Zaalane a souligné lui-même, publiquement, en marge des questions orales à l'APN, jeudi dernier, que le système de péage est encore «loin d'être fonctionnel». Fallait-il être grand clerc pour deviner, dès les premières annonces en août dernier, que le pari était proprement intenable quand une séquence importante du réseau, entre Dréan et Oum Teboul, à la frontière algéro-tunisienne, est en souffrance depuis plusieurs années et qu'elle vient tout juste d'être «relancée»? Ne parlons pas des nombreux tronçons en «réfection» et des vicissitudes dont les usagers font les frais, bon an mal an, comme sur le parcours entre Lakhdaria et Bouira. Une bonne note, malgré tout, doit être accordée pour ces déclarations contradictoires qui illustrent bien les difficultés du projet: l'annonce d'une mise en oeuvre «prochaine», et mieux vaut tard que jamais, de la pesée sur site des poids-lourds qui grèvent lourdement cette autoroute Est-Ouest dont les stigmates réclament une attention plus soutenue.