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Les réformes structurelles sont l'alpha et l'oméga
LES DEFIS DE L'ALGERIE 2020-2030

L'Algérie n'a pas d'autres choix que d'accélérer les réformes structurelles, microéconomiques et institutionnelles
La gestion volontariste depuis l'indépendance, les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle et enfin les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements menés parfois à la hussarde, qui ont révélé une réalité bien amère: l'absence dramatique d'une véritable stratégie nationale d'adaptation à ce phénomène total et inexorable qu'est la mondialisation.
La majorité des observateurs nationaux et internationaux arrive à la conclusion suivante: l'Algérie a deux choix face aux enjeux et mutations géostratégiques, soit approfondir les réformes structurelles, renvoyant à la volonté politique, ou aller vers la régression dans la mesure où il faut raisonner en dynamique, la situation statique, certains parlent faussement de statu quo, n'existant pas tant en sciences sociales qu'en sciences exactes, le monde étant en perpétuel mouvement.
Cependant, il ne faut pas avoir une vision de sinistrose, que je ne partage pas, car étant confiant en l'avenir de mon pays. Beaucoup de réalisations, mais des insuffisances qu'il s'agit impérativement de corriger.
Face aux tensions budgétaires et aux bouleversements géostratégiques qui s'annoncent au niveau de la région, à la fois militaire, politique et économique, je suis convaincu que l'Algérie a toutes les potentialités pour remporter la bataille de la relance économique et consolider sa place dans la compétition mondiale grâce à la bonne gouvernance et sa capacité à innover Cela suppose un bilan serein de tout ce qui a été réalisé et ce qui reste à faire pour corriger les erreurs du passé et ce par un langage de vérité loin de toute sinistrose, une visibilité et cohérence dans la démarche des réformes et une nette volonté politique de changement. Il y va de la Sécurité nationale.
Les décennies qui ont marqué la vie politique et économique de bon nombre de pays du tiers-monde, qui malgré des ressources naturelles considérables n'arrivent pas à asseoir une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales, dont l'Algérie, me réconfortent aujourd'hui dans ma conviction, qui consiste à dire que le développement n'est pas une affaire de quincaillerie industrielle, de signes monétaires, tant par l'importance des réserves de changes, ou de dépenses monétaires, sans se soucier de la bonne gestion - dépenser sans compter - et de la démocratisation.
Cela doit concerner avant tout la bonne gouvernance, intimement liée à la moralité des institutions et des personnes chargées de gérer la cité. Cela conditionne la lutte contre la corruption, qui prend des proportions alarmantes, la considération du savoir, le respect et la promotion de la femme, la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident grâce au dialogue des cultures, qui a fait la prospérité du monde arabe et musulman à une certaine période historique. Cela passe par une visibilité et une cohérence dans la démarche, une politique socio-économique cohérente, permettant de concilier l'efficacité économique et l'amélioration du pouvoir d'achat en tenant compte des nouvelles mutations du monde où toute nation qui n'avance pas recule.
La bonne gouvernance se conjugue toujours au présent, se chante selon les hymnes des cultures et se vit comme une harmonie entre la force et la politique. La bonne gouvernance se vérifie dans la vision et les convictions des vrais acteurs et leurs capacités réelles à entreprendre les actions appropriées et engager la société dans la voie de l'efficacité et de la modernité fécondes et intelligentes.
La transition démocratique réussie sera sans doute difficile, avec une possibilité d'interférences tant de forces occultes locales liées à la rente qu'étrangères pour faire échouer ce processus. Le régime algérien doit s'engager dans une transition démocratique pacifique. Comme le notait le brillant économiste indien et prix Nobel d'économie, A. Sen, il ne peut y avoir de développement dans le temps sans démocratie, tenant compte des anthropologies culturelles des sociétés, l'Etat de droit pouvant être une étape intermédiaire. Espérons pour les générations futures, pour les intérêts supérieurs du pays, que l'on tienne compte des profondes pulsions de la société algérienne qui aspire à plus d'efficacité économique et à une profonde justice sociale, les sacrifices futurs devant être partagés, supposant une profonde moralisation de ceux qui dirigent la cité. Cette transition démocratique, pour plus de développement, plus d'espaces de liberté, suppose de nouveaux réseaux qui dynamiseraient celles conservatrices, les actuels montrant leurs inefficacités, car vivant du transfert de la rente des hydrocarbures, incapables de mobilisation et de sensibilisation. Cela se traduit par le divorce Etat-citoyens et laissant face à face, en cas de manifestations, la population aux services de sécurité, ce qui est nuisible à la sécurité du pays, qui est l'affaire de tous.
Pour l'Algérie, la gestion volontariste depuis l'indépendance, les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle et, enfin les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements, menés parfois à la hussarde, qui ont révélé une réalité bien amère: l'absence dramatique d'une véritable stratégie nationale d'adaptation à ce phénomène total et inexorable qu'est la mondialisation. La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l'intervention parfois directe et par moment insidieuse, d'acteurs internes et externes, a abouti à une transition qui se traîne en longueur depuis des décennies et non pas seulement pour la période actuelle. La réussite des réformes institutionnelles et l'optimalisation de la dépense publique impliquent plus de décentralisation à ne pas confondre avec l'avatar néfaste du régionalisme et de la déconcentration, qui renforce la bureaucratisation ainsi que de nouvelles formes de protection sociale. Car les réformes en profondeur du fonctionnement de la société algérienne et non des replâtrages organisationnels, impliquant d'analyser avec lucidité les relations dialectiques des réformes et les segments de la production de la rente (Sonatrach) et celui de sa redistribution (système financier), bouleversent des intérêts, les gagnants de demain n'étant pas forcément ceux d'aujourd'hui. Lorsque la valeur de la rente des hydrocarbures s'accroit, paradoxalement les réformes sont freinées et l'on assiste à une redistribution passive de la rente pour une paix sociale éphémère avec l'extension de la corruption et une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière. Ce couple contradictoire des forces politiques, économiques sociales défendant la rente ou les réformes explique l'instabilité juridique et le manque de cohérence et de visibilité dans la réforme globale En résumé, l'Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d'innovation sont réinstaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale. Ne nous trompons pas de cibles, pour paraphraser le langage militaire. L'on devra différencier stratégie et tactique en ce monde turbulent et instable supposant des stratégies d'adaptation tant internes que géostratégiques avec la quatrième révolution mondiale économique qui s'annonce entre 2020 et 2030. L'Algérie n'a pas d'autres choix que d'accélérer les réformes structurelles, microéconomiques et institutionnelles, condition de la stabilité macroéconomique, si elle ne veut pas épuiser ses réserves de changes et aller au FMI horizon 2022.
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