Avec un coeur plein de colère et d'interrogations, Amirouche nous parle, dans cet entretien, de l'empêchement de son gala prévu, samedi dernier, dans la ville de Bouira. L'Expression: Peut-on savoir pourquoi votre concert, programmé dans la ville de Bouira, a été empêché? Amirouche: Au début je me suis entendu avec les responsables de la salle de la wilaya pour animer deux concerts dans les nuits de vendredi et samedi. Tout était bien parti pour réussir l'événement. Pour preuve, le premier gala, celui du vendredi, s'est déroulé dans de bonnes conditions. Au moment où mes musiciens et moi, nous nous préparions pour le deuxième gala, les responsables ont décidé autrement. Personnellement je n'ai rien compris. Je ne trouve pas d'arguments convaincants. Malgré ce «scénario» je me suis déplacé le samedi soir à la salle, j'ai rencontré mon public et lui ai expliqué qu'on m'a empêché d'animer mon deuxième gala programmé pour samedi. Avez-vous demandé des explications pour cette «annulation»? Bien sûr que j'ai demandé des explications. J'ai tout fait pour rester sur la table afin d'en discuter davantage. Comme je viens de le dire, même le samedi soir à l'heure du concert, je me suis déplacé pour les voir. Malheureusement les responsables de la salle ne veulent rien entendre. Ils m'ont rien avancé comme argument qui peut justifier cette décision. Il suffisait juste de dire que vous ne pouvez pas animer votre deuxième gala. Ne pensez-vous pas que les textes de vos chansons, en tant que chanteur engagé, à travers lesquels vous vous attaquez au pouvoir sont derrière cette décision? Tout d'abord l'Algérie vit ces derniers jours dans l'esprit de la réconciliation. Moi, cela fait 15 années que je n'ai pas rencontré mon public en Algérie. Alors, c'était une occasion pour «se réconcilier» avec lui après mon «exil». D'autant plus que qu' on parle de liberté d'expression et de l'Etat de droit. S'agissant de mes propos sur la réconciliation, je dis à ces gens que même le président de la République s'est montré, lors de sa campagne, démocrate en disant que chacun est libre de voter pour ou contre le projet de charte. Alors, ça serait grave pour l'Algérie, si on vient de m'empêcher pour cette cause. Et puis, si j'ai décidé d'organiser cette tournée pour m'exprimer sur un sujet ou un autre, c'est parce qu'il y a des gens avec qui je partage les même courroux. Alors, comment qualifiez-vous cet acte? Je me rends compte de plus en plus qu'il y a des gens qui ne veulent pas du bien pour l'Algérie. Des gens qui aiment imposer leur dictature sur le peuple pour régler leurs propres intérêts. En outre, je dis qu'il y a encore des gens qui veulent ma tête. Parce que avant Bouira, la même chose s'est produite à Béjaïa. Cela ne fera qu'accentuer, comme d'habitude, mon acharnement et ma résistance. Vaut mieux cela que de courber l'échine devant ce genre de personnes. Vous allez terminer votre tournée, aujourd'hui, à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Que pensez-vous faire après? Je rassure mon public que je ne baisserai pas pour autant les bras. Je ne me tairai pas sur cette affaire. Je vais dénoncer hautement et fortement ce qui m'arrive dans mon pays et puis, j'espère que mon dernier gala ne connaîtra pas le même sort que les précédents. Pour terminer, je dis que ce n'est pas de cette manière que l'Algérie avancera, mais plutôt on doit accepter les débats interrieur de contradictoires.