Dans deux mois, seront identifiés les détenus islamistes éligibles dans le cadre de la charte pour la réconciliation. Au moins, deux mille détenus bénéficieront, le 1er Novembre, de la grâce présidentielle, indique-t-on de source proche du ministère de la Justice. «Ce seront pour la plupart des détenus de droit commun, qui sont passés devant les tribunaux et qui ont consommé une partie de leur peine», précise la source. D'autres sources estiment que «plusieurs dizaines de détenus dans des affaires liées au terrorisme, notamment ceux condamnés dans des affaires dites de «réseaux de soutien», sont aussi concernés par la grâce. A moins, juge notre source, que cette catégorie de détenus ne soit laissée pour plus tard, lorsque les textes de lois portant paix civile et réconciliation nationale seront applicables après passage devant l'Assemblée pour approbation, et que les profils éligibles aux lois d'amnistie seront identifiés». Ce sera un autre geste fort d'apaisement et de détente que consentira, une fois de plus, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la veille de la date-symbole que représente le 1er Novembre (le 51e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération). Depuis son investiture, en avril 1999, il ne rate pas une seule occasion pour donner des gestes politiques forts en direction des détenus et en faveur de la paix et l'apaisement. Le 1er Novembre 1999, soit six mois après sa première investiture, il avait libéré 5000 détenus, dont au moins 3000 islamistes, condamnés dans des affaires liées au terrorisme, mais exempts des trois crimes de sang majeurs, à savoir l'assassinat, le viol et le dépôt d'explosifs dans des lieux publics. L'année passée, la grâce a touché essentiellement les détenus de droit commun, et ni les islamistes ni les détenus dans le cadres d'affaires liées au crime économique n'ont bénéficié de cette mesure. La grâce présidentielle de novembre 2005 interviendra dans un contexte particulier. Le plébiscite du référendum de la charte pour la paix et la réconciliation nationale donne les pleins pouvoirs à Bouteflika pour procéder à toutes les mesures qu'il jugera susceptibles de mener à plus de stabilité et d'apaisement. Plusieurs dirigeants islamistes ont émis le souhait de rentrer en Algérie, et bien que tous les mécanismes sécuritaires et juridiques n'ont pas encore atteint le niveau du discours politique, il semble acquis que l'on s'achemine vers la fin de l'antagonisme pouvoir-islamistes. Pour le moins, le président Bouteflika peut estimer à juste titre, ne pas être concerné par cette confrontation. Les 39 prisons algériennes, obsolètes pour la plupart, ne répondent plus aux normes internationales, et le milieu carcéral algérien pouvant à peine contenir quelque 36.000 prisonniers, s'encombre de quelque 48.000 prisonniers. D'où la pression, les émeutes et les débuts de mutinerie qui secouent les prisons algériennes, bien que de nouvelles mesures ont été promulguées dans le cadre de la réforme pénitentiaire pour apporter les rectificatifs nécessaires.