Le ministère de la Justice avait annoncé mercredi dernier la libération de 2000 détenus en application des mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation. Une trentaine d'islamistes détenus à Serkadji dans des affaires liées au terrorisme, ont été libérés, hier, de la prison algéroise de Serkadji. C'est vraisemblablement le coup d'envoi à la libération des 2200 prisonniers islamistes promise par le président de la République Abdelaziz Bouteflika, dans le cadre de la loi sur la réconciliation nationale. Rassemblées chaque jour depuis mercredi devant les deux prisons de la capitale, El Harrach et Serkadji, les familles des détenus islamistes attendent impatiemment la libération d'un proche, d'un père ou d'un fils. Hier, à partir de 15h 30 minutes, les premiers libérés se retrouvaient enfin libres sur les hauteurs de Bab Djedid, lieu de cette prison historique de Serkadji. La plupart des détenus libérés affirmaient avoir été impliqués dans des affaires liées à leur enrôlement dans des unités de combat irakiennes, d'autres disaient «kadiya islamiya», pour qualifier leur implication dans des affaires liées au terrorisme islamiste. Certains étaient de la capitale et de sa proche périphérie, d'autres de régions plus lointaines, mais la quasi-totalité affichaient les yeux grands-ouverts et l'air tendu des hommes qui respirent les premières bouffées d'oxygène de la liberté.Plusieurs islamistes libérés se sont aussitôt prosternés en signe de louange à Dieu, avant de rentrer allègrement et calmement chez eux entourés de leurs familles ou de leurs amis. Selon des sources sécuritaires sur place, les libérations vont s'échelonner sur plusieurs jours, car il est impensable de relâcher tout le monde d'un seul coup. Ces libérations se feront donc au jour le jour et au fur et à mesure de l'assainissement de leurs dossiers au niveau de la justice et des établissements pénitentiaires. Le ministère de la Justice avait annoncé mercredi dernier la libération de 2000 détenus en application des mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, et aussitôt après on a constaté que le rassemblement des familles devant la prison de Serkadji était un signe de l'imminence des mises en liberté. Les détenus que leurs familles attendaient depuis les premières heures de la matinée sortaient par petits groupes de 5 à 7 personnes. Ils ont été accueillis par des cris de joie et des youyous des femmes. Selon les textes de cette loi portant paix civile et réconciliation nationale, les détenus déjà condamnés définitivement pour des «faits ne portant pas sur les massacres collectifs, viols, et usage d'explosifs dans les lieux publics» seront «graciés». Les détenus qui ne sont pas encore condamnés définitivement vont bénéficier d'une «commutation et d'une remise de peine». On estime à 7000 l'ensemble des détenus islamistes , dont certains sont en prison depuis 1992 et 1993. Certains chefs des groupes armés seront, selon des sources sûres, dans le nombre des islamistes bénéficiaires de mesures d'élargissement. Abdelhaq Layada, premier émir du Gia structuré, ferait vraisemblablement partie des islamistes «libérables», soit dans les prochains jours, soit à très court terme. Son implication en faveur de la paix dans des négociations majeurs, comme lors de la prise d'otages de l'Airbus français en fin décembre 1994 et la mutinerie de Serkadji, l'année d'après, semble jouer en sa faveur. La Charte pour la paix et la réconciliation nationale, approuvée par référendum le 29 septembre 2005 septembre, prévoit également «l'extinction des poursuites judiciaires» pour les islamistes armés qui ont mis fin à leurs activités et se sont rendus aux autorités, mais n'ont pas été «impliqués dans des massacres collectifs, viols ou des attentats à l'explosif dans des lieux publics». En outre, un délai de six mois est accordé aux islamistes armés n'ayant pas commis des crimes de sang pour déposer leurs armes et se rendre.