Même avec la flambée des prix des vêtements, les Algériens ne privent pas leurs enfants de cette joie. Comme le veut la tradition, la deuxième quinzaine du mois de Ramadan connaît une ambiance assez particulière. Une forte affluence caractérise les magasins de la capitale à la faveur d'une abondance de produits dont les prix ont connu une augmentation brusque à quelques jours de l'Aïd El Fitr. Le marché va du petit revendeur à la sauvette aux grands groupes mondialement connus. Plus de dix millions d'enfants à habiller pour l'Aïd, cela représente un marché qui ne laisse personne du secteur indifférent. L'ouverture économique du pays a permis l'installation de plusieurs spécialistes de la grande distribution, notamment français, mais également l'importation massive de la production chinoise, turque et syrienne. Une concurrence dont fait les frais la production nationale, qui tente, tant bien que mal, de résister. Accompagnés de leurs enfants, les parents sortent de chez eux souvent après la rupture du jeûne. Destination: les points de vente des nouvelles entreprises étrangères, qui proposent en général des prix abordables. Au cours de notre tournée nocturne, nous avons préféré entamer notre visite par certains magasins chinois qui se trouvent à la rue Hassiba-Ben-Bouali. Nous avons été surpris par le nombre de clients. Le plus intéressant dans ces lieux est les prix affichés. Pour 1200 DA les parents peuvent acheter une tenue pour un enfant. Griffa, Printemps et Kiabi sont pris d'assaut L'arrivée de Kiabi, le Printemps et des autres marques, constitue un véritable phénomène et suscite l'engouement des consommateurs algériens qui y trouvent des produits «acceptables à des prix plutôt raisonnables». Comme dirait un père de famille rencontré chez Kiabi: «C'est mieux que d'acheter des vêtements maladroitement copiés». Le Printemps, présent depuis plusieurs années en Algérie, fait le plein, notamment en ce qui concerne les vêtements pour enfants. Ses magasins de Cinq-Maisons et d'El Harrach ne désemplissent pas. Les produits proposés attirent beaucoup de familles. Mais les autres spécialistes de la grande distribution ne sont pas en reste. Kiabi et Griffa sont pris d'assaut par les familles algériennes de jour comme de nuit. Ses magasins ne désemplissent jamais. Il est vrai que leurs offres sont plus qu'alléchantes. Cependant, certains clients qu'on a rencontrés dans un magasin de Griffa, situé à Meissonnier, se sont plaints des prix affichés ces derniers jours. A côté de ces deux grands distributeurs, d'autres se frayent, doucement mais sûrement, un chemin à l'instar de Zara ou de Bonjour, qui commencent à attirer beaucoup de curieux et de futurs clients. La méthode de ces grands magasins est simple : acheter au plus bas prix des vêtements en Europe et tenter de les revendre, le plus tôt possible, à des prix bas, pour renouveler les stocks. Ces copies sont fabriquées en Turquie ou en Chine. Par ailleurs, pour certaines familles, se pose la question de la qualité des produits vestimentaires. Ainsi, les vêtements d'importation représentent pour elles une nécessité, en dépit de leur cherté, ce qu'on a constaté au niveau du marché Ali-Mellah qui connaît depuis quelques jours une grande affluence. Selon un client rencontré, les prix restent son dernier souci. Les vêtements de sport trouvent beaucoup de succès chez nous, notamment auprès de certaines catégories de jeunes. Par ailleurs, les marques sont tellement nombreuses que le choix devient de plus en plus difficile. Beaucoup de jeunes préfèrent s'habiller en sport le jour de l'Aïd et surtout une marque de renommée internationale pour leur qualité exceptionnelle. Mais il faut signaler par contre que leurs prix sont très élevés et donc pas accessibles à toutes les bourses. Pour les plus branchés, la mode est devenue une nécessité pour une partie de la population. Mais pour se procurer de vraies marques, il faudraient payer le prix fort, dans des magasins spécialisés ou dans des boutiques où seuls les plus aisés y ont accès. Pourtant, certains parents, ne voulant pas décevoir leur progéniture, concèdent à leur offrir les vêtements de leurs rêves, quitte à s'endetter ou à compromettre leurs budgets. Entre les bazars et les magasins de luxe, les parents n'ont souvent pas le choix, et ce sont les enfants qui décident des vêtements à porter le jour de l'Aïd. Le produit national commence à gagner la confiance du consommateur algérien et surtout à rivaliser avec le produit importé qui envahit le marché national depuis des années. A la foire nationale qui se tient à Riadh El Feth, le produit national connaît un succès étonnant auprès des consommateurs. Interrogés, plusieurs parents ont affirmé que le produit national a connu une nette amélioration car les entreprises privées copient le modèle sur le produit étranger. Cela permet au consommateur algérien d'être à la mode à un prix raisonnable. Les pauvres prennent une autre destination Ce qui est une bonne chose pour sa modeste paye qui ne dépasse pas souvent 18.000 DA. Dans les stands de cette foire, le client a l'embarras du choix. On y trouve des vêtements pour enfants et pour adultes avec une réduction de plus de 40%. Les parents peuvent acheter des pulls et des pantalons à moins de 900 DA. Une belle affaire pour ceux qui ont de nombreux enfants à vêtir. Du côté de Belcourt, nous avons constaté que les gens se bousculent auprès des marchands à la sauvette qui exposent toutes sortes de produits vestimentaires à des prix alléchants. Accompagnés de leur enfants, les parents ne s'intéressent guère à la qualité du produit exposé, l'essentiel pour eux c'est d'arriver à acheter le nécessaire pour leurs enfants avec leur maigre bourse. Chez ces vendeurs illicites, le prix d'une tenue pour un enfant de 6 ans avoisine les 450 DA. Pour ceux qui ont un salaire trop maigre, ces prix sont exagérés, ils prennent ainsi une autre destination pour faire leurs achats pour satisfaire néanmoins leurs enfants. C'est vrai, ils achètent dans des magasins de friperie, autrement dit les stocks américains. Ici, les vêtements sont souvent usagés. La qualité laisse à désirer, mais le plus important dans tout cela ce sont les prix affichés. A 100 DA la pièce, le client peut choisir n'importe quel habit, que ce soit pour enfant ou pour adulte. A l'approche de l'Aïd, les vendeurs de friperie ont ramené un nouvel arrivage de vêtements. Les clients ont plus de chance de trouver des vêtements plus convenables pour leurs enfants. Cependant, ils doivent payer pratiquement le double pour l'achat d'une pièce. Pour le riche et le pauvre, les vêtements en Algérie restent souvent inaccessibles même s'il existe une certaine concurrence de la part de certaines entreprises étrangères ou nationales qui commencent à prendre de l'ampleur. Cependant, l'Algérien ne peut s'empêcher de se charger de cette tâche car il y va du bonheur de son enfant.