il est presque impossible de dénicher un produit «made in Algeria» destiné aux enfants. Déjà lessivées par des dépenses exceptionnelles, imposées par des habitudes plus ou moins contestables que l'on veut coller au mois sacré du Ramadan, les familles algériennes sont obligées de se plier aussi aux exigences de l'Aïd El Fitr. Pour cette année, à Constantine, les prix des vêtements sont outrageusement excessifs. Avec trois enfants de moins de 15 ans, il est tout à fait impossible de descendre sous la barre des 20.000 DA pour pouvoir les habiller convenablement. Des magasins de chaussures d'Arsif, au marché de Sidi-Mabrouk supérieur, en passant par les vendeurs des souterrains, les trois quarts des produits proposés à la vente sont de fabrication chinoise. A vrai dire, il est presque impossible de dénicher un produit «made in Algeria» destiné aux enfants. Cette tendance s'est accentuée, ces dernières années, avec le textile chinois qui a carrément envahi le marché national. Ce phénomène est surtout visible, la veille de rentrée scolaire et l'Aïd. Pour revenir aux prix affichés cette année, disons qu'il faut beaucoup de sacrifices pour un cadre moyen pour habiller deux gosses. Un ensemble (veste + pull + pantalon) chinois de qualité relativement accessible varie entre 3000 et 3500 DA. En un mot, la moyenne des prix des pantalons pour enfants entre 8 et 16 ans ne descend pas sous la barre des 850 DA. Pour les chaussures, si celles fabriquées par l'usine de N'gaous sont vendues dans quelques magasins de l'Etat sous le label «Adidas» sont jugées très chères (prix minimum 950 DA), celles importées de Chine sont plus abordables. A titre d'exemple, une paire de chaussures, de fausses «Reebook» pour un enfant de 13 ans est cédée à 1400 DA. En bref, pour cette année encore, la fête de l'Aïd El Fitr est venue mettre à nu certaines contrevérités, selon lesquelles le pouvoir d'achat des Algériens aurait connu une amélioration relative. C'est archifaux! Au vu des prix affichés par les magasins de vêtements, de nombreuses familles aux faibles ressources ou carrément sans ressources, vivront cette année en marge d'une fête, récupérée comme le Ramadan par les réseaux d'intérêts. Il y a aussi une catégorie de citoyens qui ont opté pour le marché de la localité d'Aïn Fekroun, à 40 km de Constantine. Là-bas, il est possible de dénicher des pantalons, des vestes ou des chaussures à des prix alléchants: des prix de gros. Mais il n'y a pas que les Constantinois qui se rendent à ce marché réputé. On vient de partout, d'Oum El Bouaghi, d'Aïn El Beïda, de Batna. En tout cas, le sentiment de la majorité des parents assignés à la «corvée de l'Aïd» est le même: que c'est dur d'avoir des enfants! Mais devant l'inflexibilité des enfants, les parents sont obligés de les satisfaire, Aïd oblige.