Photo : Sahel Par Billal Larbi à quelques jours de l'Aïd El Fitr, annonçant la fin du mois de jeûne, les marchés et les grandes surfaces connaissent une très grande affluence. En dépit de la cherté des articles proposés, il n'est guère aisé de se frayer un chemin tellement la foule est dense. C'est ce que nous avons constaté de visu ces derniers jours, notamment au marché «Tnache» de Belouizdad. Tout en faisant attention aux pickpockets, prêts à se mettre en évidence à la moindre occasion, nous avons fait le tour des différents stands du marché. De prime abord, nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper, que la frénésie des achats des années précédentes s'est grandement émoussée au regard des prix élevés, mais aussi en raison du fait que l'Aïd de cette année succède à deux périodes durant lesquelles les pères de famille ont, à plusieurs reprises, mis la main à la poche. Nous faisons, bien évidemment, allusion à la rentrée scolaire ainsi qu'au Ramadhan. Durant ce mois, comme tout un chacun le sait, les habitudes culinaires des ménages algériens changent de manière radicale, occasionnant ainsi des dépenses supplémentaires. Les fruits et légumes toujours aussi chers En se rendant au marché, il est aisé de constater que bon nombre de personnes déambulant ne font que regarder les produits exposés, se permettant, de temps à autre, de se renseigner sur les prix de la marchandise. «J'ai quatre enfants scolarisés auxquels j'ai acheté des vêtements neufs juste avant la rentrée scolaire. Avec les dépenses liées au mois de Ramadhan, ce serait faire preuve d'irresponsabilité que de leur en acheter d'autres pour l'Aïd. En prévision de cette journée, leur mère et moi avons tranché. Ils porteront les mêmes vêtements [portés lors de la rentrée] que leur mère s'est empressée de ranger dans l'attente de l'Aïd. En tout cas, je ne suis pas prêt à m'endetter comme le font certains», nous dira un quinquagénaire, un panier à la main, s'apprêtant à acheter des légumes. En parlant justement de légumes (et des fruits également puisque le même constat peut être fait), il ne faut pas être un observateur averti pour affirmer que leurs prix n'ont pas amorcé une baisse contrairement aux années précédentes durant lesquelles il était loisible de constater que les prix des légumes baissaient sensiblement une fois la première quinzaine du mois sacré passée. A titre d'exemple, la courgette est cédée à 60 DA, les haricots verts à 100, la tomate à 80 et la pomme de terre à 35 DA. S'agissant des fruits, la banane est cédée à 100 DA, au moment où les dattes, les poires et les pommes sont affichées respectivement à 250 et 60 et 160 DA. Du côté des viandes, c'est le même constat. Et comme la fête de l'Aïd est presque inconcevable sans les gâteaux traditionnels, le point de mire des ménagères, en ces jours précédant cette célébration, sont les marchands d'œufs ainsi que ceux vendant les ingrédients entrant dans la confection de gâteaux (eau de fleur d'oranger, cacahuètes, amandes, miel artificiel…), outre les vendeurs de moules pour gâteaux. Là aussi, les prix affichés donnent le tournis. Un kilo d'amandes avoisine les 600 DA au moment où la même quantité de cacahuètes est cédée à 200 DA. Les habits pour enfants inabordables Et, contrairement aux premiers jours du Ramadhan, les marchands de zalabia, kalbelouz et ktaïf ne sont pas aussi harcelés, les gens se limitent au strict minimum. On sait pertinemment que d'autres dépenses attendent. A leur tête, l'achat de vêtements, notamment pour ceux qui ne l'ont pas fait (pour une raison ou une autre), constitue la première préoccupation. Si beaucoup de citoyens, ayant déjà acheté des vêtements à leur progéniture, n'en achèteront pas en prévision de cet Aïd, il n'en demeure pas moins que les pans les plus aisés de la société comptent habiller leurs enfants ce jour-là, même s'ils l'ont déjà fait à la faveur de la dernière rentrée scolaire. «La joie de mes enfants n'a pas de prix. Il est très important que l'enfant ne se sente pas différent par rapport aux autres le jour de l'Aïd. Pour l'enfant, cette fête est synonyme d'habits neufs et serait inconcevable sans ces derniers. En tant que parents, nous ne pouvons que nous plier à ce désir même s'il y a lieu de dire que cela nous coûte beaucoup de sacrifices», nous dira un père de famille, exerçant une profession libérale. S'agissant des prix affichés, force est de constater que ces derniers diffèrent d'un marchand à un autre. Devant les magasins huppés où généralement la marchandise est d'origine «made-in», les gens ne se bousculent pas, tellement les prix affichés dépassent tout entendement. Le prix de certaines marques de souliers dépasse les 3 000 DA, soit le quart du SNMG ! Par ailleurs, et s'agissant des stands réservés aux vêtements pour femmes, le rush est plus perceptible. Un groupe de femmes se forme autour des marchands en vue de dénicher la bonne affaire. «Même s'il est établi que la gent féminine met la main à la poche sans presque se soucier des prix affichés, il y a lieu de dire que, pour cette année, les choses diffèrent quelque peu. Les difficultés dans lesquelles se débattent la plupart des familles en sont certainement la cause», nous dira un marchand de vêtements pour femmes. Comme on le voit donc, l'engouement pour les achats semble avoir diminué d'un cran. Les folles dépenses des années précédentes ont sensiblement diminué. Les gens ont appris à compter leurs sous pour, d'un côté, ne pas se trouver contraints de recourir à l'emprunt et, d'un autre, ne pas compromettre l'équilibre budgétaire de leur ménage. En dépit de tout, saha Aïdkoum.