«Ils ne vendront plus leurs maisons pour venir se soigner en France Ce premier novembre, anniversaire du déclenchement de la Révolution pour les uns et fête de la Toussaint pour les autres, a vu l'arrivée à l'hôpital de ben Aknoun, Alger, d'une équipe de chirurgiens français et algériens aux fins d'interventions pilotes. Hormis l'Europe et les Etats-Unis la technique chirurgicale apportée n'est pratiquée dans aucun pays arabe. Bien que récemment introduite en Palestine elle est finalement connue en Algérie. C'est ce qu'a déclaré hier le professeur Belkheyar Zoubier, chirurgien et assistant du professeur Oberlin qu'il est venu assister en ce mémorable 1er-Novembre pour opérer des enfants algériens atteints de paralysie partielle de leurs membres supérieurs. Des affections contractées souvent à l'occasion de traumatismes obstétricaux ou autres. Mais également soulager tous les autres patients en attente d'une intervention et qui souhaitent eux aussi retrouver la fonctionnalité de leurs membres. Le coeur sur la main, ces chirurgiens entendent aussi faire oeuvre de pédagogie et transférer le savoir qu'il pratiquent depuis des années à l'Hôpital Bichat de Paris. L'initiative est encouragée par le Professeur Ben Bouzid, chef de service de chirurgie orthopédique à l'hôpital de Ben Aknoun, puisque ce denier prête son service à pareille oeuvre humanitaire. Avec cette entreprise, l'on ne peut que voir révoquée l'ère de l'indigence scientifique et de la déchéance physique de ces malades qui, faute d'intervention à temps, voient leurs chances de recouvrer la santé, définitivement compromises. Ainsi parle le professeur Belkheyar qui raconte, pathétique, l'histoire de cette famille qui a dû attendre quatre longues années pour avoir le visa de son fils malade et vendre sa maison pour assurer les frais de voyage et d'hospitalisation en France, pour en fin de compte voir s'anéantir tous ses espoirs; au bout de quatre ans d'attente, il était trop tard, le fils avait perdu toute chance de guérison. Toute opération sur le malade était devenue obsolète pour des raisons médicales, ce genre d'affection ne pouvant souffrir d'un temps trop long d'attente. Aujourd'hui avec le courage de ces hommes qui portent toujours l'amour de la patrie dans leur coeur, l'on ne peut qu'espérer de meilleurs lendemains pour tous les malades algériens. Ainsi en ce 1er-Novembre trois petites filles, dont la petite Wafa, étaient opérées. Au préalable, l'on a dû faire appel au concours d'hématologues pour un cas délicat d'hémophilie. Non sans avoir étudié profondément le fichier informatique de chaque patiente. Selon les spécialistes rencontrés, la demande pour ce genre d'intervention, encore pionnière chez nous, est très forte. «Pourtant cette spécialité ne demande que la compétence du chirurgien et un microscope comme investissement,» ajoutent-ils. Optimiste le professeur Belkheyar dit que désormais toutes les interventions à venir pourront être à 100% algériennes. «En attendant nous pouvons venir opérer ici en Algérie pour transférer notre savoir et éviter bien des déboires aux malades algériens. Il est temps de se prendre en charge d'autant que le partenariat dans le domaine scientifique existe!» Les petits cours font les grandes rivières, semble dire cette blouse blanche comme pour affirmer que ce sont les petites et courageuses initiatives de ce type qui pourront faire la différence et extraire le pays de l'ornière, du fatalisme. «Nous sommes prêts à aider nos compatriotes algériens!» martèle-t-il, en mettant un point d'honneur sur les valeurs nobles que seule portent la science et le dévouement pour son prochain.