Après la mer, c'est la terre que le maroc spolie avec l'aval de l'UE La commission du commerce international a adopté, il y a deux jours, un rapport lié à un flagrant délit et conflit d'intérêts. Encore une fois, le Parlement européen s'est laissé fourvoyer. La commission Inta du Parlement européen, responsable du commerce international, a adopté avant-hier, le rapport de Lalonde qui prévoit l'extension au territoire du Sahara occidental de l'accord agricole conclu entre l'Union européenne et le Maroc. «Une honte pour le Parlement européen d'adopter un rapport dont la rédactrice a été obligée de rendre le tablier à la veille du vote pour raisons de flagrant délit et conflit d'intérêts», s'est insurgé le représentant du Front Polisario pour l'Europe, Mohamed Sidati, en commentant ce vote. Pour le représentant sahraoui «un tel vote marque un pas de plus dans la volonté des responsables européens de passer outre les termes précis et clairs des arrêts de la Cour de justice de l'Union». Alors que sur tous les tons les dirigeants européens rappellent que l'Europe est basée sur le droit, et que le respect de la loi est la base de la démocratie, il est frappant pour le Front Polisario, qui a saisi la justice européenne, de voir que «ces mêmes politiciens joignent leurs forces pour contourner les décisions de la Cour de justice de l'UE». Cet accord est clairement illégal dans la mesure où le propre service juridique du Parlement européen a conclu précédemment qu'il n'était «pas certain» que le peuple sahraoui ait donné son consentement à cette extension de l'accord - une condition-clé pour la Cour de justice de l'UE (Cjue) selon son jugement de décembre 2016 sur le sujet. Ajouté à cela, la Cour de justice a clairement jugé que le Sahara occidental est un territoire séparé et distinct de celui du Royaume du Maroc en vertu du principe d'autodétermination. De ce fait, «aucun accord avec le Maroc ne peut inclure le territoire, les eaux adjacentes, ni l'espace aérien du Sahara occidental», rappelle le représentant du Front Polisario pour l'Europe. En fait, seul le Front Polisario, reconnu par l'ONU comme le représentant du peuple du Sahara occidental, pourrait donner son consentement, ce qui n'a pas été le cas. N'est-ce pas que l'affirmation selon laquelle l'accord pourrait bénéficier à la population du Sahara occidental est une insulte à ces mêmes populations vivant dans des camps de réfugiés, dans les territoires libérés ou sous l'occupation marocaine? Quel est l'objectif visé à travers une pareille décision, sinon celui de saper l'issue des négociations conduites par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Horst Köhler? La démarche de H Horst Köhler mérite d'être soutenue et encouragée.«Tristement, nous sommes sans option autre que celle de retourner devant la Cour de justice de l'Union, dont les précédents jugements démontrent clairement que le droit international est de notre côté» a regretté Mohamed Sidati tout en avertissant que cette décision aura des conséquents désastreuses. Inévitablement, elle va saper tous les efforts pour la construction d'une paix réelle dans cette région.