Le pacte parle de statut de migrant et non pas de réfugié. Donc la gestion revient surtout au pays d'accueil selon ses propres stratégies et démarches qui tiennent compte de sa souveraineté et de son autonomie quant aux enjeux et les risques que constituent ces grands flux migratoires et leur lot de menaces d'ordre sécuritaire, politique et économique. La problématique migratoire prend un caractère très récurrent dans ce qui est appelé communément les «relations internationales». Le phénomène prend une ampleur qui fait de lui un dossier au sein de l'auguste institution internationale, à savoir l'ONU. La question des migrants vient d'être corroborée par un pacte mondial parrainé par les Nations unies. Ledit pacte où l'Algérie figure parmi les 150 pays qui l'ont signé, se rapporte à des aspects humanitaires quant à la circulation et l'accueil desdits migrants. L'Algérie apporte autant se peut sa contribution dans le cadre de ses intérêts stratégiques pour répondre à l'aspect humanitaire qui a trait à la problématique migratoire et son exacerbation ces dernières années dans le monde. Le pacte pour les droits des émigrés a été scellé hier à Marrakech, c'est le premier pacte dans son genre que les Nations unies viennent de mettre en place pour résorber le problème lancinant du flux migratoire et ses retombées dramatiques de par le monde. Le 11e Forum mondial sur la migration et le développement a été l'occasion pour les pays qui ont souscrit à la démarche sous les auspices de l'ONU d'apporter leurs contributions et conceptions qui ne sont pas nécessairement similaires à celles des autres membres siégeant aux Nations unies. Le pacte mondial qui concerne les droits des émigrés soulève tout de même des réactions qui ne sont pas d'ordre de principe, mais d'ordre politique et technique qui n'arrangent pas beaucoup de pays dans la mesure où ce phénomène répond à des causes qui sont du ressort des grandes puissances et leurs politiques interventionnistes et bellicistes. Il faut préciser que ce pacte a été juste adopté, mais la ratification aura lieu le 19 décembre en Assemblée générale à New York. Un responsable de l'ONU avait déclaré lors de l'adoption du pacte que «le pacte est une sorte de carte de navigation pour la communauté internationale». Cette déclaration n'est pas aussi claire ni fondée dans la mesure où le flux migratoire que connaît la région de l'Afrique du Nord à cause des troubles et les crises qui rongent la région du Sahel et la Libye ne favorisera pas cette «navigation» pour la communauté internationale. Bien au contraire, le pacte est obligé de trouver les réponses idoines pour stopper ce flux historique qui n'a pas d'égal depuis la Seconde Guerre mondiale. Autrement dit, les problèmes s'exacerberont et se transformeront en un véritable drame humanitaire pour les pays de transit et d'accueil. Contrairement à ce qui se dit, la question migratoire est intimement liée aux guerres et aux interventions militaires des puissances des pays et des régions qui constituent la source des richesses et de positionnement géostratégique dans le monde. Certains pays pour lesquels le flux migratoire est une «aubaine» stratégique dans leurs visées, voulaient détourner le contenu du pacte en lui imbibant des connotations qui sont loin de la réalité et des causes qui ont fait de ce phénomène un drame humanitaire. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres avait rappelé dans ce sens que «ce n'est pas un traité, il est non contraignant, chaque pays décide de gérer comme il veut sa migration», et d'ajouter: «Oublions les mythes et revenons sur Terre.» C'est une manière de repositionner la problématique des migrants et ne pas se livrer à des démarches somme toute inopérantes sur le terrain. Le pacte parle de statut de migrant et non pas de réfugié. Donc la gestion revient surtout au pays d'accueil selon ses propres stratégies et démarches qui tiennent compte de sa souveraineté et de son autonomie quant aux enjeux et risques que constituent ces grands flux migratoires et leur lot de menaces d'ordre sécuritaire, politique et économique. L'Algérie ne peut pas être contre l'aspect et le volet humanitaire inhérents à ce dossier épineux des migrants, mais elle n'acceptera jamais qu'on lui dicte sa conduite sur cette question qui n'est pas uniquement humanitaire mais bien un instrument entre les mains de certaines puissances occidentales dans le but de monnayer leur position visant à s'immiscer dans les affaires des autres pays souverains et par ricochet essayer d'exacerber davantage cette crise migratoire comme moyen d'affaiblissement des frontières des pays jaloux de leurs souverainetés et de leur indépendance. L'Algérie ne tournera pas le dos à cette question qui constitue le drame mondial, représenté par le flux migratoire causé par les guerres et l'approche interventionniste et belliciste des puissances occidentales pour rendre vulnérable les pays qui ne veulent pas de cette ingérence et de cette logique qui s'arc-boute sur les va-t-en-guerre.