Iouri Ganous, directeur de l'Agence russe antidopage La Russie a échappé mardi à de nouvelles sanctions de l'AMA, à qui elle avait tardé à fournir des données cruciales sur le dopage institutionnel des années 2011-2015, mais elle restera sous haute surveillance. La décision est tombée mardi à l'issue d'un comité exécutif du gendarme mondial de la lutte antidopage: le dépassement de deux semaines de la date-butoir du 31 décembre pour ouvrir son ancien laboratoire moscovite aux experts de l'AMA, ne justifie pas une nouvelle suspension de l'agence russe antidopage Rusada. «Plusieurs membres du comité exécutif ont exprimé leur déception de voir que la date-butoir n'avait pas été respectée, mais sont convenus qu'aucune sanction ne devait être imposée pour cela», a expliqué le président de l'AMA Craig Reedie dans un communiqué à l'issue du comité. Entre 2015 et 2016, la Russie a été au centre d'un des plus grands scandales de l'histoire du sport, avec les révélations sur un système de dopage institutionnel qui a pu bénéficier à un millier de sportifs dans une trentaine de disciplines, selon le rapport du juriste canadien Richard McLaren, missionné par l'AMA. L'agence mondiale, vertement critiquée pour sa mansuétude quand elle avait levé en septembre dernier les sanctions frappant Rusada, rappelle toutefois que le pays reste sous surveillance. Ainsi, Moscou doit toujours fournir les échantillons restés au laboratoire dont l'AMA aura besoin pour d'éventuelles réanalyses. Un processus qui doit se terminer le 30 juin, selon l'agence mondiale. Le directeur de la Rusada, Iouri Ganous, s'est immédiatement félicité de cette décision. «On peut continuer le travail, passer à la deuxième étape», a-t-il réagi lors d'une conférence de presse. «Aujourd'hui, nous travaillons. Nos sportifs pourront participer (aux compétitions), aucune sanction ne sera prise contre eux (...) Il y a encore un travail essentiel devant nous. C'est un processus long». La Russie peut donc souffler pour l'instant. Les sanctions imposées par l'AMA de novembre 2015 à septembre 2018 lui ont rendu la vie plus difficile pour l'attribution de grandes compétitions, après les JO d'hiver de Sotchi en 2014 et l'obtention, fin 2010, de la Coupe du monde de football 2018. La Russie reste néanmoins bannie à ce stade de toute compétition par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), qui suit son propre processus. En annonçant le 20 septembre la levée de la suspension de la Rusada en vigueur depuis 2015, l'AMA avait assorti cette décision controversée de conditions strictes. Parmi elles, la récupération des milliers de données enregistrées pendant les années 2011-2015 au coeur du scandale, devait intervenir avant fin décembre 2018. Une première mission de l'AMA au laboratoire, mi-décembre, avait échoué, pour raisons «logistiques» selon le Kremlin. Une deuxième mission, dépêchée début janvier, a finalement permis à l'agence de récupérer les données juste au moment où le CRC étudiait ses recommandations mi-janvier. Soit deux semaines après la date-butoir. Les milliers de données brutes récupérées à Moscou doivent à présent être authentifiées et analysées par l'AMA, qui espère pouvoir ouvrir des dossiers disciplinaires solides contre des sportifs. D'où l'importance de récupérer les échantillons restés au laboratoire de Moscou, en tout cas ceux qui n'ont pas été détruits.