C'est à un déjeuner-presse très convivial que nous avons été conviés par l'école d'art à Artissimo, cette semaine. L'objectif? Parler du concours Cnid-up. Ce concours a amorcé sa deuxième phase, à savoir la première sélection des candidats ayant participé à l'appel à candidature au nombre de 56. Il s'agissait au départ de déposer d'abord son profil, avant d'envoyer son projet à proprement parler. Cette rencontre réunissant les membres du jury, notamment le plasticien et professeur à l'Esba, touche à tout, Karim Sergoua et la designer Mouna Boumaâza (a déjà exposé une très belle oeuvre l'an dernier au Mama expo eco-design, Ndlr) grâce à la sciure de bois récupérée dans son propre atelier), a été l'occasion pour dévoiler cette initiative bien intéressante qui a trait à l'apport du sur-recyclage pour la préservation de l'environnement. D'autre part, il s'agissait également de questionner sur la pertinence d'impliquer les designers pour participer à valoriser les déchets de façon créative tout en tenant compte de l'enjeu économique. Notons que cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un projet de coopération entre l'Algérie et l'Allemagne. Ce premier concours national de l'innovation, design de récupération et du Upcycling 2019 - Cnid up - est organisé par le ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables en partenariat avec la Giz (Deutsche Gelellschaft für Internationale Zusammenarbeit). Pour rappel, peut -on lire dans le dossier de presse: «Ce concours d'idées a été initié pour la conception et la fabrication de modèles d'objets divers et/ou d'autres accessoires à usage quotidien à partir de matériaux de récupération destinés à être recyclés. Il vise également à la promotion du surcyclage (Upcycling) chez les jeunes éco-créateurs et éco-designers hommes et femmes afin d'insuffler une nouvelle dimension à cette pratique en Algérie. Le surcyclage est l'action de récupération des matériaux ou des produits dont on n'a plus l'usage, afin d'en faire de nouveaux produits de qualité et d'utilité supérieure. Le principe d'accorder une nouvelle vie aux objets et aux matériaux destinés à atterrir dans nos déchetteries s'inscrit dans une vision utilitaire. Du point de vue économique, ce procédé permet de réduire la pression d'exploitation sur la matière première et l'intégration d'une économie circulaire mieux adaptée au contexte actuel, démarche de développement durable et de préservation de l'environnement.» Aussi, les lauréats seront connus et se verront attribuer leur prix le jour de l'exposition finale lors de la cérémonie de clôture du concours qui aura lieu le 11 mars 2019. Le concept final ayant gagné le concours sera réalisé par des femmes entrepreneuses. Pour Islam benTahar, représentant de GIZ, présent à ce déjeuner, l'intérêt de se tourner vers le designer écolo ce n'est pas seulement pour la préservation de la planète, mais surtout de l'homme dans sa vie de tous les jours. Il dira: «Notre mode de consommation a changé. Aujourd'hui on rentre dans une économie circulaire qui au lieu que l'objet soit jeté, on le transforme, on le récupère. C'est pour cela que le tri est né. En Allemagne on trie le plastique et le carton cela fait presque 25 ans. Le carton récupéré, on appelle cela une matière première secondaire qui est, elle, transformée pour en faire de nouveaux produits à usage quotidien ou autre.» Pourquoi ce concours-là? Notre interlocuteur explique que «c'est en l'absence de texte juridique qui légifère ce genre d'action mais aussi le citoyen algérien qui n'a pas cette culture de la récupération et surtout de la responsabilité citoyenne. GIZ travaille depuis longtemps avec le ministère de l'Environnement, on arrive 10 ans après à réécrire de nouveaux textes de loi, soit à amender des textes, soit à insérer de nouveaux textes pour l'économie circulaire. Ce projet fait partie d'un grand projet maghrébin, qui s'inscrit entre le Maroc, la Tunisie et l'Algérie, sur la promotion du rôle de la femme au Maghreb. Ce projet consiste à renforcer le rôle de la femme dans la protection de l'environnement à travers la valorisation du déchet. C'est un projet qui s'attelle sur un an. Nous avons identifié 80 femmes à Annaba. Des femmes qui souhaiteraient se lancer dans l'entrepreneuriat. Un entrepreneuriat vert. Ces femmes sont formées à la récupération des bâches de publicité, notamment qui peuvent servir à fabriquer différents type de sacs et d'accessoires. Ces femmes dans ce projet-là seront formées à tout ce qui est design, patronage, montage... Sur la base de communication. Nous les accompagnons, après s'être formés à la couture dans la création d'entreprise, puis dans la vente du produit, le e-commerce etc.» et de poursuivre «Ce concours lancé en collaboration avec l'école Artissimo s'inscrit dans ce même esprit, car l'idée c'est aussi d'identifier un autre type de déchets disponibles qu'on peut récupérer facilement, transformer, fabriquer et le mettre sur le marché.» Ainsi, les bénéficiaires de ce concours seront des femmes qui prendront en main le concept du projet lauréat pour le réaliser, le reproduire et le mettre sur le marché. «Pour l'instant, l'on ne peut encore pas préciser la nature du déchet sur lequel ces femmes seront amenées à travailler. Du textile? Du plastique? Du bois? Le jury sélectionnera d'abord 20 projets, puis en choisira trois lauréats. Mais un seul prototype des trois gagnants sera reproduit grâce à l'entreprise des femmes formées.» Une belle aventure humaine et professionnelle que ces designers vont vivre, mais aussi un challenge pour ces femmes, de pouvoir mettre en application tout ce travail mûri durant des mois par ledit lauréat designer. Que le meilleur gagne donc!