M. Buhari a été réélu à la tête du pays le plus peuplé d'Afrique (190 millions d'habitants) avec 56% des voix à l'issue d'un scrutin relativement pacifique, dans un pays qui a une longue histoire de violences électorales. Le Nigeria retournait aux urnes hier pour élire les futurs gouverneurs et représentants des assemblées locales des états, un scrutin où le parti du chef de l'état Muhammadu Buhari espère conforter sa victoire après la présidentielle de fin février. Le Congrès progressiste (APC, au pouvoir) contrôle 22 des 36 Etats de la fédération nigériane, tandis que le Parti démocratique populaire (PDP) du candidat malheureux à la présidentielle Atiku Abubakar en détient 13. Les élections des gouverneurs n'ont eu lieu hier que dans 29 Etats, les autres ayant déjà fait l'objet d'élections partielles, mais l'ensemble des 36 états votaient pour élire les représentants des assemblées locales. Les postes de gouverneurs sont convoités. Ils tiennent les cordons de la bourse dans des domaines-clés tels que l'éducation, la santé et les infrastructures, et leurs actions ont souvent plus d'impact direct sur la population que celles du président. A l'échelle du pays, ils représentent un pouvoir collectif fort face aux autorités d'Abuja. M. Buhari a été réélu à la tête du pays le plus peuplé d'Afrique (190 millions d'habitants) avec 56% des voix à l'issue d'un scrutin relativement pacifique, dans un pays qui a une longue histoire de violences électorales. La société civile a toutefois recensé au total 59 morts dans le cadre des élections présidentielle et législatives du 23 février. L'ancien général âgé de 76 ans, qui avait permis la victoire historique de l'opposition en 2015, la première depuis la transition démocratique du pays il y a 20 ans, a fait campagne sur le thème de la continuité. Il a promis de continuer la lutte contre la corruption, son principal cheval de bataille, de redresser une économie peinant à se relever d'une difficile récession et de vaincre le groupe jihadiste Boko Haram dans le nord du pays. L'organisation du scrutin du 23 février par la Commission électorale nationale (Inec) a été très critiquée pour ses nombreux manquements logistiques (retards à l'ouverture des bureaux de vote, absence d'urnes et de bulletins, lecteurs électroniques de cartes déficients...). L'autre enjeu sera le risque de violences et d'intimidation des électeurs: dans quelques Etats-clés, la course au poste de gouverneur s'annonce serrée et pourrait engendrer des frictions entre partisans des deux partis qui bipolarisent la scène politique nigériane. L'état de Lagos, le plus peuplé du Nigeria avec ses quelque 20 millions d'habitants et sa locomotive économique, est un fief de l'APC qui semble perdre progressivement du terrain. Son candidat, Babajide Sanwo-Olu, y affrontera Jimi Agbaje, du PDP. Lors de la présidentielle, M. Buhari est ressorti vainqueur, mais avec une très forte abstention. Port Harcourt, la capitale de l'état de Rivers (Sud), d'où provient une grande partie de la production pétrolière et gazière du premier producteur d'or noir africain, est fréquemment le théâtre de violences politiques.