L'avion éthiopien a crashé avec 157 passagers à bord Après des interdictions en rafale de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne et des Pays-Bas ainsi qu'une dizaine d'autres pays, l'Agence européenne de sécurité aérienne (Aesa) a suspendu tous les vols des MAX 8 et des MAX 9. Isolés face à l'immense pression internationale, les Etats-Unis persistaient dans leur refus de se rallier à l'interdiction de vol décrétée contre le Boeing 737 MAX 8 par de nombreux pays et compagnies aériennes, dont la liste continuait à s'allonger hier, trois jours après la tragédie du vol d'Ethiopian Airlines. «Jusqu'à présent notre examen du dossier ne montre aucun problème de performance et ne fournit aucune raison pour ordonner l'immobilisation de cet avion», assure l'agence fédérale de l'aviation américaine, FAA, dans un communiqué. En outre, «les autres autorités de l'aviation (civile) ne nous ont fourni aucune donnée qui justifierait une telle mesure», poursuit-elle. Elle affirme qu'elle n'hésitera toutefois pas à prendre des mesures «immédiates et appropriées» si jamais elle découvrait une anomalie dans son examen du vol 302 d'Ethiopian Airlines, dont les boîtes noires ont été récupérées et devraient livrer le ou les scénarios de l'accident. En choisissant de ne pas clouer au sol la flotte des 737 MAX 8, dont American Airlines et Southwest sont les principales compagnies clientes aux Etats-Unis, la FAA fait le dos rond. Après des interdictions en rafale de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne et des Pays-Bas ainsi qu'une dizaine d'autres pays, l'Agence européenne de sécurité aérienne (Aesa) a suspendu tous les vols des MAX 8 et des MAX 9, qu'ils soient à destination, au départ, ou à l'intérieur de l'Union européenne. Donald Trump s'est entretenu mardi au téléphone avec le patron de Boeing, Dennis Muilenburg. Le président américain s'est aussi fendu d'un tweet déplorant la complexité des avions modernes. Ce dossier est d'autant plus sensible pour l'exécutif américain que les Boeing font partie des négociations commerciales entre Washington et Pékin. Jusqu'à présent, la FAA a simplement demandé des modifications portant sur des systèmes automatisés dont le Mcas (Maneuvering Characteristics Augmentation System) qui aide à éviter un décrochage des 737 MAX. De nombreux élus américains ont exhorté cette autorité à appliquer le principe de précaution après l'accident d'un 737 MAX 8 d'Ethiopian Airlines qui a fait 157 morts, dimanche, quelques mois après la tragédie ayant frappé un avion du même type de la compagnie indonésienne Lion Air, faisant 189 victimes. Dans le sillage de l'Europe, l'Inde a annoncé qu'elle clouait au sol les 737 MAX. Et hier, la Nouvelle-Zélande, le Vietnam et Hong Kong ont suivi le mouvement. Actuellement, aucune compagnie vietnamienne ne fait voler des 737 MAX, mais le transporteur low cost Vietjet en a commandé 200. A l'inverse, le Canada reste solidaire des Etats-Unis en continuant à faire voler les MAX 8. L'interdiction de vol pour un avion récent est un camouflet inédit dans l'histoire de l'aviation civile. Entrés en service en mai 2017, quelque 370 appareils de cette famille volent dans le monde aujourd'hui, tandis qu'environ 19.000 avions d'au moins 100 passagers sont en service au niveau international, tous modèles confondus, selon des données d'Airbus. Les personnels navigants et les passagers aux Etats-Unis se sont eux aussi montrés inquiets, beaucoup refusant désormais d'embarquer sur cet appareil. Le syndicat des personnels navigants, représentant des salariés d'American Airlines, a encouragé ses membres à ne pas monter à bord d'un 737 MAX 8 s'ils ne se sentaient pas en sécurité. Avant l'Europe, l'Asie avait déclenché l'offensive contre les moyen-courriers de Boeing, avec notamment des suspensions ou interdictions de vols en Australie à Singapour et surtout en Chine, où 76 de ces appareils ont été livrés. Si les causes ne sont pas encore connues, l'accident de Lion Air avait braqué l'attention sur les sondes d'angle d'attaque (AOA) reliées au système de stabilisation de l'avion (MCAS). Un dysfonctionnement de ces outils peut mettre l'appareil en «piqué» au lieu de le cabrer, en raison d'une appréciation erronée que l'avion est en décrochage.