Un différend autour de l'exploitation d'un gisement de plâtre médical entre les communes d'El-Adjiba et de Hanif risque de dégénérer en discorde, dont les conséquences peuvent être néfastes pour la région. L'Assemblée populaire de la wilaya de Bouira a abordé dans sa session, tenue hier, cette question d'une extrême gravité. C'est le défi que devront relever les membres de l'APW, les responsables de la wilaya et, bien entendu, des deux assemblées communales. Le gisement en question est situé au lieu dit Ighzer Oumeziab, dans le territoire de Hanif. CMGypso, une société spécialisée dans l'industrie du plâtre qui a obtenu l'autorisation d'exploitation, envisage d'installer des unités de production sur le territoire de la commune d'El-Adjiba. Un plan auquel s'opposent les habitants de Hanif qui revendiquent un autre emplacement pour ces unités en question. Il va sans dire que leur souhait serait de les installer chez eux. Approché au début de cette semaine par L'Expression, le maire de Hanif, M.Saïd Drissi, est revenu avec détail sur la question qui préoccupe plus de 10.000 personnes la qualifiant de «vraie bombe à retardement qu'on gagnerait à désamorcer». D'emblée, il dira que tous les documents (signés par plusieurs parties) donnent raison et justifient même l'ire des citoyens. Selon M.Drissi, le gisement de la discorde a été convoité d'abord par Cosider depuis 1994, mais il n'y eut pas de suite. C'est alors, nous confie-t-il, qu'«un deuxième promoteur s'est proposé pour exploiter le gisement». A cet effet, une demande a été adressée à la commune de Hanif le 12 novembre 1997 par CMGypso pour «réaliser un investissement dans (votre) commune dans l'industrie du plâtre» CMGypso dit envisager d'«installer trois unités créatrices de plusieurs postes d'emploi permanents». Le responsable de la société informe, par ailleurs, le maire qu'une procédure d'acquisition d'une concession a été déposée au sein de la Direction des mines et de l'industrie de Bouira, afin d'opter définitivement pour «l'implantation du projet qui sera réalisé à Menhar I et le choix du site d'implantation des unités se fera avec la collaboration de la commune». Notre interlocuteur soutient que cette dernière clause n'a pas été respectée par l'autre partie en violation de l'engagement pris et d'un arrêté signé par l'ex-wali de Bouira. La décision, qui porte le numéro 666 et qui a été signée le 19 juillet 1999 stipule formellement dans son premier article qu' «il autorise la Sarl CMGypso (...) d'exploiter la carrière de matières minières de deuxième catégorie gypse dans le lieu dit Menhar situé dans la commune de Hanif daïra de M'chedallah». Par ailleurs, il a été demandé au président de l'APC de Hanif ( avec d'autres services de la wilaya) de veiller à l'application de la décision. «Je veux bien ...», mais en respectant toutes les clauses, a asséné M.Drissi. Sur sa lancée, il révélera que des gens tentent de détourner le projet. D'après lui, ces personnes s'adonnent à un jeu très dangereux, d'autant que la population suit point par point l'évolution du dossier. Interrogé sur ce dernier axe, le coordinateur du comité de suivi, M.Sahi a été clair: «Un programme d'action pacifique a déjà été arrêté, une pétition a été lancée, plusieurs délégations sillonnent la wilaya pour trouver une issue à la question, car la population n'est nullement prête à céder...». Mais, ajoute-t-il, «si par malheur rien n'est fait, il sera difficile d'arrêter une population qui a la conviction d'être victime d'une hogra». Pour le moment, le wali de Bouira a intimé l'ordre au promoteur d'arrêter les travaux en attendant la réponse que donnera le président de l'APW à la délégation du comité de suivi qui a été reçue hier... Une affaire à suivre.