L'informel tue le formel «Le pays progresse en général dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière», indique le rapport 2018 du département d'Etat sur le trafic de drogue et les crimes financiers dans le monde. Peut encore mieux faire. On savait déjà que le secteur de l'informel, qui draine plus de 40% (une estimation approximative, Ndlr) de la masse monétaire en circulation, gangrène l'économie nationale. Le département d'Etat américain vient de révéler l'autre face de cette économie parallèle: sa collusion avec l'argent sale. Un constat qu'il modère, relativise, toutefois. L'Algérie a réalisé des progrès dans la lutte contre la criminalité financière, mais le secteur informel demeure «vulnérable au blanchiment d'argent», indique-t-il dans son rapport 2018 sur le trafic de drogue et les crimes financiers dans le monde. Les résultats sont-ils palpables? «Le pays progresse en général dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière», souligne le département d'Etat dans ce rapport transmis jeudi au Congrès américain. Comment procède-t-on pour combattre ces fléaux? «Les transferts d'argent en Algérie font l'objet d'une surveillance étroite de la part des autorités et sont soumis à «de nombreux contrôles bancaires», constate le département américain dans ce rapport annuel qui évalue les résultats de la lutte contre les crimes financiers dans 80 pays. Le département de Mike Pompeo met en exergue les efforts consentis par les responsables algériens pour tenter de mailler un système financier souvent pointé du doigt pour son «archaïsme», mais aussi pour les convoitises qu'il attise. Mérite-t-il tous les qualificatifs dont on l'a affublé? Est-il assez protégé? «Les autorités algériennes surveillent de près le système bancaire... Le système bancaire est très bureaucratique et prévoit de nombreux contrôles sur tous les transferts d'argent», indiquent les experts américains. Quel paramètre peut rendre efficace cette mise sous surveillance vraisemblablement très étroite? «La convertibilité restreinte du dinar permet à la Banque d'Algérie de surveiller toutes les opérations financières internationales effectuées par les établissements bancaires» expliquent les rédacteurs de ce document qui minimisent l'ampleur du blanchiment d'argent sur le système financier national. Pourquoi? «L'ampleur du blanchiment des capitaux par le biais du système financier algérien est considérée comme minimale en raison d'une réglementation 'stricte'' du secteur bancaire dominé par les banques publiques», souligne le rapport du département US. Les affaires sont donc ailleurs: dans les méandres du circuit informel qui brasse des sommes d'argent colossales qui représentent près de la moitié du Produit intérieur brut. Le rapport souligne qu'«une vaste économie informelle basée sur les paiements en liquide et estimée à 40% du PIB, est vulnérable aux abus criminels». «L'étalement de l'économie informelle et l'usage massif du cash augmentent le risque de crimes financiers», relèvent les enquêteurs qui précisent que les cas de blanchiment d'argent sont constatés hors secteur financier officiel à travers notamment les transactions immobilières et la fraude commerciale. Ce type de criminalité est traquée par la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf) qui compile et diffuse aux banques des informations pertinentes sur le blanchiment d'argent. Son rapport a fait ressortir une légère augmentation en 2017 du nombre de déclarations relatives aux transactions suspectes ou inhabituelles comparé à 2016, durant les six premiers mois de 2018. «Les autorités sont de plus en plus préoccupées par les cas de fraude douanière et le recours aux paradis fiscaux pour échapper au fisc ou dissimuler des actifs volés» conclut le département d'Etat américain.