Le ton martial du chef d'état-major L'ANP demeure la colonne vertébrale de l'Etat et le soutien du peuple dans les épreuves et les crises, a déclaré hier le chef d'état-major affirmant que depuis le début de la crise, elle a veillé à protéger le peuple d' «une poignée de personnes qui a indûment accaparé des richesses du peuple algérien». Le mal de l'Algérie, Ahmed Gaïd Salah a choisi de le nommer. A l'issue d'une réunion de haute sécurité qui a rassemblé l'ensemble des commandants des forces armées, le vice-ministre de la Défense nationale qui a exigé la démission sur le champ du président Bouteflika dans le cadre des articles prévus par la Constitution, a confirmé l'existence d'une bande qui a accaparé des richesses du peuple algérien. L'allusion au frère du président, Saïd Bouteflika et à l'oligarchie virevoltant autour de lui, est évidente. Rappelant que son appel à mettre en application les articles 7, 8 et 102 de la Constitution a été accueilli par «l'entêtement, la tergiversation et la sournoiserie», le chef de l'état-major affirme que ce comportement émane «de certains individus qui oeuvrent à faire perdurer la crise et la rendre plus complexe, avec comme seul souci la préservation de leurs intérêts personnels étroits, en se souciant que peu des intérêts du peuple et de l'avenir du pays». Plus explicite dans ses accusations, Ahmed Gaïd Salah soutient que l'Armée nationale populaire vise depuis le début de la crise «à protéger le peuple d'une poignée de personnes qui a indûment accaparé des richesses du peuple algérien. A l'heure qu'il est, elle s'affaire à contourner ses revendications légitimes en fomentant des plans douteux, tendant à déstabiliser le pays et l'entraîner dans le piège du vide constitutionnel». Il fait même état des «vastes opérations de pillage et de dilapidation qu'a connues notre pays, ciblant ses potentiels et ressources économiques et financières» avant de s'interroger sur les moyens qui ont permis à «cette poignée de personnes d'amasser des richesses immenses par des voies illégales et dans un court laps de temps, en toute impunité, profitant de leur accointance avec certains centres de décision douteux». Mieux, le vice-ministre confirme les tentatives de transferts illégaux de grosses sommes d'argent vers l'étranger. Une information pourtant démentie, il y a deux jours, par la Banque d'Algérie. «(cette poignée de personnes) tente ces derniers jours de faire fuir ces capitaux volés et s'enfuir vers l'étranger» affirme le général non sans répondre à ceux qui ont accusé le Commandement de l'armée d'être derrière les dernières arrestations et interdictions de sortie des hommes d'affaires. Tenant à confirmer que l'armée reste respectueuse de la légalité, il indique «les décisions de poursuites judiciaires contre ces derniers émanent de la justice par le biais du procureur général, mû par son adhésion aux revendications populaires insistantes». Et d'ajouter que des mesures préventives ont également été prises à l'encontre de certains individus afin de leur interdire le déplacement jusqu'à l'accomplissement des procédures d'enquête. Il confirme également l'interdiction de décollage et d'atterrissage des avions privés appartenant à des hommes d'affaires au niveau des aéroports du pays. Toutes ces décisions ont été prises par l'armée après avoir soutenu que des «entités non constitutionnelles» ont organisé des réunions «suspectes» et «clandestines» pour «comploter contre les revendications du peuple et adopter des pseudo-solutions en dehors du cadre de la Constitution afin d'entraver les démarches de l'ANP». Ahmed Gaïd Salah va même accuser l'ex-patron du DRS, le général Toufik, de mentir après que ce dernier a infirmé sa participation à ce qu'il a qualifiées de «pseudo-réunions». «Certaines de ces parties se sont manifestées, tentant vainement de nier leur présence dans ces réunions et induire l'opinion publique dans l'erreur, malgré l'existence de preuves irréfutables attestant ces réalités malveillantes.» Ahmed Gaïd Salah ne finira pas son discours sans affirmer qu'il ne saurait se «taire aujourd'hui sur les complots et les conspirations abjectes, fomentés par une bande qui a fait de la fraude, la malversation et la duplicité sa vocation. Aussi, je suis avec le peuple et à ses côtés pour le meilleur et pour le pire (...) Quoi qu'il m'en coûtera».