Epicentre. Tous les regards étaient braqués, hier, sur le tribunal de Sidi M'Hamed dans la capitale. Une foule compacte a commencé à se former devant l'entrée principale, située à la rue Abane-Ramdane, dès le début de la matinée. L'information avait été donnée, la veille au soir, par la télévision publique, mais également par quelques chaînes privées. L'APS qui est censée fournir ce type d'information aux médias, s'est retrouvée «hors jeu». Ce n'est qu'hier matin, que l'agence a donné l'info sous le titre «Ouyahia et Loukal convoqués par le tribunal de Sidi M'hamed pour des affaires de corruption» en citant comme source l'entreprise publique de la télévision (Eptv). Aucun communiqué officiel de la justice n'a été publié sur cette convocation. L'affaire a «fuité» pour atterrir dans les rédactions des télés dans la soirée de samedi dernier. Ces détails sont importants à donner car ils renseignent sur la difficulté que rencontrent les journalistes pour fournir une information crédible à l'opinion. Personne ne sait sous quel statut la justice a souhaité entendre l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia et le ministre des finances en exercice, Mohamed Loukal, qui était précédemment gouverneur de la Banque d'Algérie. D'autant que la Constitution dans son article 177 a prévu que les crimes et délits du Premier ministre commis dans l'exercice de ses fonctions relèvent de la Haute Cour de l'Etat. Laquelle Haute Cour attend une loi organique pour exister. Il est impensable que cette disposition constitutionnelle ait pu échapper aux magistrats du tribunal de Sidi M'Hamed. S'ajoute à cette certitude la demande, confirmée hier, d'une levée de l'immunité parlementaire de deux sénateurs adressée à leur institution par la justice. Ceci dit, la convocation par la justice de ces deux personnalités a été très bien accueillie par la population. Au-delà de ceux qui se sont regroupés devant le Palais de justice, tous les Algériens y voient une renaissance de l'institution judiciaire. Longtemps accusée d'agir «par téléphone» ou de siéger de «nuit» quand ce n'est pas de juger avec la «chkara», notre justice semble vouloir se ressaisir et se débarrasser des vieux réflexes. Elle répond également au général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah qui lui a demandé «d'accélérer» le traitement des dossiers liés à la dilapidation des deniers publics. Cela fait partie des attentes du peuple. Une vraie justice indépendante!