Recadrage. Alors que les manifestations du 10ème vendredi se sont déroulées, hier, avec, toutefois, une moindre intensité que les précédentes, deux institutions du pays, et non des moindres, puisqu'il s'agit du MDN (ministère de la Défense nationale) et celui de la Justice, ont donné de la voix la veille. Pour le même motif, mais avec des propos différents. En ligne de mire, «quelques titres de la presse nationale» accusés de «tentative de désinformation avérée». De quoi s'agit-il précisément? Pour le MDN ces titres ont donné «des lectures erronées du communiqué du ministère de la Défense nationale relatif à l'allocution prononcée, mardi 23 avril 2019, par Monsieur le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, devant les cadres de la 1ère Région militaire». Le parquet général de la cour d'Alger, appelle, lui, de «ne pas verser dans la désinformation de l'opinion publique, pour ne pas entraver le travail des magistrats». Plus clairement, les journaux en question ont fait état «d'injonction» et «d'instigation» adressée à la justice par l'armée dans le traitement des dossiers de corruption en cours qui ont vu l'arrestation de plusieurs chefs d'entreprise. Pour l'armée «ce genre de manipulations médiatiques» est inadmissible et va jusqu'à évoquer «le droit de recourir aux voies légales pour mettre fin à ces campagnes de désinformation de l'opinion publique». La justice qui, de son côté, récuse toute «instigation de quelque partie que ce soit» reconnaît, toutefois, que son silence alimente ce genre de dérives et promet «de fournir, à l'avenir, les informations nécessaires et justes conformément à la loi». Une cellule de communication de la cour d'Alger s'en chargera. A la bonne heure! Oserait-on dire. Bien sûr que la nature a horreur du vide. Bien sûr qu'en l'absence d'informations fiables, toutes les interprétations, toutes les rumeurs et toutes sortes de propagandes sont possibles. D'autant plus que certains titres et quelques «journalistes» - pas toute la presse nationale - ont mis au placard leur professionnalisme pour «s'aligner» alors qu'ils ignorent tout du dossier de l'instruction. L'exercice du métier de journaliste professionnel impose de prendre en compte le silence éloquent des avocats de la défense. Sans perdre à l'esprit que des associations pourraient se constituer parties civiles!