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Une référence pour la société
L'ETHIQUE À L'UNIVERSITE
Publié dans L'Expression le 21 - 12 - 2005

«Une vie sans éthique est un bateau sans gouvernail.» Prof. Amartya Sen, Indien, Prix Nobel d'économie
Les codes d'éthique sont généralement des documents qui ont beaucoup de points de ressemblance avec les textes juridiques, voire légaux et judiciaires. Cependant, pour s'en détacher, il est nécessaire de proposer une voie originale qui emprunte beaucoup aux religions et à la morale. Pierre Fortin de l'université du Québec écrit : «La morale et l'éthique relèvent d'un premier niveau de discours qui exprime le souci de la normativité. L'une manifeste le souci du devoir et de la prescription et l'autre exprime le souci de la recherche du fondement et des finalités de l'obligation, avec comme objectif premier l'élaboration d'un art de vivre.»(1)
Traditionnellement, l'éthique est un discours portant sur les valeurs qui devraient régir en toile de fond le fonctionnement harmonieux et apaisé de l'université. Plutôt que de définir ce qu'est le bien ou le mal,-laissons cela aux hommes politiques-, nous nous devons de cerner les principales valeurs que se doit de prôner une université en regard de sa mission de formation et de développement de l'être humain. Avant de parler d'éthique, nous parlerons d'abord de morale que nous définirons comme une théorie relative à la conduite humaine en tant qu'elle a le bien pour objet. Elle se réfère aussi aux moeurs, aux habitudes et aux règles de conduite admises et pratiquées par la société comme relevant du bien. L'éthique serait alors, dans le même esprit «l'Art de diriger la conduite humaine » en tenant compte, en conscience, des valeurs en jeu. Elle se réfère aussi au produit d'une réflexion portant sur les valeurs afin de les critiquer, de les renouveler, et ce, à la mesure des changements que la vie quotidienne fait émerger. Une telle réflexion est alimentée, notamment, par la morale, par la philosophie, par la psychologie et par la sociologie. (2).
Qu'est-ce que l'université?
L'Université est une institution d'intérêt public qui a pour mission générale le développement intellectuel des personnes tant sur le plan individuel que collectif et la promotion humaine et sociale. Pour les fins de cette mission, l'Université veille au développement et à la transmission des connaissances de même qu'à la diffusion libre du savoir; elle doit être à l'avant-garde de son milieu au sujet du maintien d'un climat d'ouverture, de respect, de liberté et de responsabilité favorisant l'exercice et l'expression de la pensée et du jugement critique. En regard de cette mission, les divers membres de la communauté universitaire — enseignants, étudiants, personnels administratifs — sont donc tenus de réfléchir et d'agir dans le respect et la promotion des valeurs qui contribuent au plein épanouissement de la société, de la communauté universitaire, de la profession et de l'individu.
L'éthique relève essentiellement de l'autodiscipline. Plus que le simple consentement ou la seule soumission à agir selon les valeurs. Le code de l'éthique est un code de bonne conduite où chacune des composantes de l'université est impliquée, il se doit d'être une démarche éthique engagée depuis toujours au sein de l'Université soumise à la responsabilité individuelle et collective de chacun.
En se l'appropriant par conviction profonde, la communauté universitaire devient imprégnée des principes et d'une orientation qui devient chaque jour et dans tous les actes du quotidien la boussole et le réflexe naturel de chacun, le fil conducteur de l'agir professionnel de cette institution.
Ce faisant les «gardiens du Temple» que sont les enseignants sont les premiers concernés, nous allons assurer et maintenir les plus hauts standards d'éthique et, par le fait même, promouvoir la renommée et l'image de marque de l'Université. Cette charte librement acceptée et revendiquée permettra aussi à la société de voir quels sont les fils rouges et les valeurs qui sous-tendent les mécanismes internes de l'université, qu'il s'agisse d'acte pédagogique ou administratif. Naturellement, l'observateur impartial se réjouira de cette façon de faire, il saura que l'Université est entre de bonnes mains, ce qui, à terme, augmentera sa confiance en l'Université, voire supportera fermement l'Université dans la poursuite de ses missions. L'éthique concerne, en définitive, tous les membres de la communauté universitaire.
Nous définirons la valeur en empruntant la définition suivante: «Ce qui est vrai, beau et bien, selon un jugement personnel plus ou moins en accord avec celui de la société dans laquelle on vit. La valeur est donc liée à nos aspirations individuelles ou collectives; elle constitue une préférence et une référence pour la conduite qui inspirent nos gestes et nos décisions». Naturellement nous partons du fait que l'éthique de Spinoza est toujours d'actualité et que la mondialisation n'a pas encore gangrené le bastion de l'université, En tant qu'organisme créé par l'Etat, l'Université est une institution éminemment sociale. De ce fait, elle est fondamentalement engagée dans le devenir du projet que se donne la société. Citons Marie-Victorin à ce sujet: «L'Université fait vase communicant avec la vie nationale et avec la culture universelle. Elle doit suivre les fluctuations, les progrès et les changements de front de cette vie nationale et de cette vie universelle». Les membres de l'Université sont donc appelés à assumer leur part de responsabilités dans le devenir du projet de société.
En regard de ce qui précède, l'Université doit donc promouvoir les principales valeurs qui sont à la base de toute société humaine, soit: l'éducation, la culture, le pluralisme, le multiculturalisme, le travail, le développement technologique, la vie et la santé, le bien-être, l'environnement, la solidarité.
Eduquer c'est, d'une manière générale, former et développer l'être humain et, d'une manière particulière, former et développer l'esprit humain. Les mesures et les actions qui s'imposent sont prises pour que soient assurés les besoins de formation et de développement des membres de la société. Notamment, la pertinence des programmes d'enseignement est examinée en regard de ces besoins.
La formation et le développement de l'être humain ne sont assurés pleinement que dans la mesure où les connaissances acquises permettront de développer la culture, c'est-à-dire le sens critique, le goût et le jugement dans divers domaines, notamment dans les domaines de la philosophie, de la littérature, des arts et des sciences. Les êtres humains sont à la fois multiples et individuels dans leurs croyances, leurs opinions, leurs tendances et dans leurs mentalités. Il s'agit là d'une richesse qui fait partie du patrimoine mondial. L'Université s'ouvre aux autres cultures en regard de la profondeur, de la transcendance et des valeurs de ces autres cultures. Elle s'efforce d'inculquer le respect des différences et elle adapte en conséquence ses méthodes pédagogiques. «Dans leur variété féconde, leur diversité et l'influence réciproque qu'elles exercent les unes sur les autres, toutes les cultures font partie du patrimoine de l'humanité ». (3).
Le travail, qu'il soit rémunéré ou bénévole, a une valeur sociale indéniable. En regard de sa mission de développement de la personne humaine, l'Université fait en sorte que le travail soit valorisant et valorisé. L'environnement fait partie du patrimoine humain et les humains en sont les gardiens. L'humanité ne peut se désintéresser du milieu écologique où elle vit. «Le développement humain durable signifie... que nous devons utiliser nos ressources naturelles selon des modalités qui n'engendreront pas de dettes écologiques liées à une surexploitation de la capacité de charge et de la capacité productive de la planète (4).»
La solidarité s'exprime par une vive conscience d'une communauté d'intérêts qui entraîne l'obligation morale de servir les membres de la société et, le cas échéant, de porter assistance à ses membres.
D'un autre côté, la communauté universitaire fait partie intégrante de la société. De par la mission générale de l'Université, les membres d'une telle communauté ont comme objectif de participer au développement et à la promotion de la communauté universitaire et, par le fait même, de participer au développement et à la promotion sociale du pays. En tant qu'organisme communautaire, l'Université doit donc promouvoir les principales valeurs qui sont à la base de toute communauté, soit: la loyauté, la solidarité, l'engagement, l'entraide, l'interdisciplinarité, la collaboration.
Missions plurielles
La loyauté implique une adhésion à la mission de l'Université. La solidarité s'exprime par une vive conscience d'une communauté d'intérêts qui entraîne l'obligation morale d'assister les membres de la communauté universitaire. Appelés à exercer quotidiennement leur esprit de solidarité communautaire, les membres dialoguent autant lorsqu'ils sont placés dans un contexte de positions controversées ou opposées aux leurs que lorsque vient le moment de dénoncer des attitudes ou des comportements nuisibles au bien individuel ou communautaire. Dans ce contexte, la souplesse autant que la rigueur et la fermeté, sont mises à contribution. L'exercice de la vie communautaire favorise la collaboration ou le travail en commun.
La mission générale de l'Université fait état du développement individuel, collectif et de la promotion humaine. Aussi, l'Université fait en sorte que l'exercice des activités professionnelles favorise un tel développement et une telle promotion. Pour ce faire, elle veille à ce que soit instauré un climat d'ouverture, de respect, de liberté et de responsabilité.
En conformité avec sa mission d'éducation, l'Université se doit donc de promouvoir les principales valeurs qui sont à la base de toute éducation de nature professionnelle, soit: la compétence, l'intégrité scientifique, la propriété intellectuelle, la probité, la transparence, la continuité, l'équilibre, le désintéressement, la confidentialité, l'imputabilité, le service exclusif. La compétence consiste en des connaissances approfondies et reconnues qui confèrent le droit de juger et de décider en certaines matières. Elle suppose la mise à jour de ses connaissances et, dans le cas du professeur, d'une adaptation constance de ses méthodes pédagogiques aux fins d'assurer un apprentissage significatif. Les comportements et les attitudes qui prévalent lors de l'exécution des travaux d'enseignement, de recherche ou de création, assurent la sauvegarde des valeurs fondamentales liées à l'intégrité scientifique et à la sauvegarde des valeurs fondamentales liées à la propriété intellectuelle. (5)(6).
La mission générale de l'Université fait état du développement individuel et de la promotion humaine. Aussi, l'Université doit faire en sorte qu'au cours de son expérience de travail à l'Université, toute personne puisse apporter sa contribution originale à l'atteinte de cette mission.
Les personnes, qui constituent la ressource première de l'Université, portent en elles les valeurs individuelles et elles sont unies dans leur démarche d'une meilleure appropriation des telles valeurs. Lors de cette démarche, elles se fixent comme objectif d'évoluer ensemble. En regard de ce qui précède, l'Université se doit donc de promouvoir les principales valeurs individuelles, soit : l'égalité, la dignité, la liberté, la justice, l'équité et l'impartialité.
La dignité se manifeste par un traitement fait avec respect. Le respect s'exprime d'abord par la considération que l'on témoigne à une personne en raison de la valeur qu'on lui reconnaît. Le respect s'exprime aussi par la politesse et par la courtoisie dans ses relations interpersonnelles.
La pratique de la courtoisie et de la politesse à l'égard des individus contribue à maintenir et à développer un climat de travail dynamique et stimulant, ouvert au changement et à la recherche du mieux-être humain. Le traitement des personnes avec respect nous oblige à la discrétion, cette qualité qui consiste à savoir garder les secrets d'autrui.
La liberté d'opinion et la liberté d'expression permettent d'exprimer son point de vue, sa position intellectuelle et ses idées. Chaque personne est libre d'exprimer ses opinions personnelles sans préjudice à aucun des droits attachés à son statut et dans le respect des autres.
Ces règles de bon sens devraient permettre à l'université de fonctionner harmonieusement et, de plus, être une caisse de résonance des conflits extérieurs. A l'intérieur tout est permis sauf ce qui est interdit d'un commun accord. Même si l'éthique relève essentiellement de l'autodiscipline et qu'elle présuppose l'existence d'une motivation qui incite au contrôle libre, autonome et interne de ses comportements et de ses actions, le vécu quotidien — notamment dans les jeunes universités — nous amène à observer certaines dérives aux comportements éthiques.
Dès lors, sans vouloir instaurer un système de contrôle coercitif des comportements de membres de la communauté, il apparaît important d'établir un ensemble de dispositions, de politiques et de procédures portées à la connaissance de tous et permettant, d'une part, de promouvoir et de protéger les valeurs et, d'autre part, d'exercer un certain contrôle externe de comportements qui vont à l'encontre de l'une ou l'autre de ces valeurs.
(*) Ecole nationale Polythechnique
[1] Fortin, Pierre, La morale, L'éthique, L'éthicologie, Presses de l'Université du Québec, Sainte-Foy, p.51 ; 1995
2. Guide d'éthique et de déontologie Université de Chicoutimi, Québec. 1996.
3. Extrait d'un texte de l'UNESCO, 1995.
4. Extrait du programme des Nations unies pour le développement (PNUD)
5. Duquet, Diane, L'éthique dans la recherche universitaire : une réalité à gérer, Conseil supérieur de l'Education, Québec, 1993.
6. Echegoyen, Alain, La valse des éthiques, François Bourin, 1992.


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