La paix façon Israël «Tout indique, jusqu'à présent, qu'il ne s'agit pas d'un plan pour la paix, mais plutôt de conditions que nous devrions accepter. Il n'y aura aucune somme d'argent qui rendrait ces conditions acceptables», a asséné le ministre palestinien à Jason Greenblatt. Les premières salves ont été tirées jeudi dernier entre les Etats-Unis et les dirigeants palestiniens au Conseil de sécurité de l'ONU lorsqu'il a été question des affrontements dus à la colonisation israélienne des territoires occupés. Tournant sciemment le dos aux exactions de l'armée israélienne, le représentant américain à l'ONU, Jason Greenblatt, conseiller de Donald Trump pour le Proche-Orient, s'est heurté au chef de la diplomatie palestinienne Riyad al-Maliki au sujet du futur plan américain qui n'est pas, à tenu à réaffirmer le Palestinien, le fruit «d'efforts de paix». C'était pour la première fois, depuis fort longtemps, que deux responsables des deux pays, dont les rapports sont devenus exécrables depuis l'arrivée de Donald Trump à la maison-Blanche où il a imposé un parti pris radical en faveur de l'Etat hébreu, se retrouvent dans la même salle. La reconnaissance d'El Qods comme «capitale» d'Israël par Donald Trump aura sonné le glas de l'acceptation, dans des conditions pas toujours satisfaisantes, du rôle de médiateur des Etats-Unis par l'Autorité palestinienne. Celle-ci a, depuis, annoncé qu'elle n'entretiendra ni n'aura de discussions avec l'administration Trump et qu'elle rejette par avance son soi-disant «accord du siècle». «Tout indique, jusqu'à présent, qu'il ne s'agit pas d'un plan pour la paix mais plutôt de conditions que nous devrions accepter. Il n'y aura aucune somme d'argent qui rendrait ces conditions acceptables», a asséné le ministre palestinien à Jason Greenblatt qui, à l'instar du gendre de Donald Trump, Jarod Kushner, est un ardent militant du «grand Israël» et partisan farouche de l'extension des colonies dans les territoires palestiniens. Du coup, on comprend que les Palestiniens puissent avoir des doutes quand il affirme que la vision qui sera proposée «sera réaliste et réalisable», dès lors qu'elle porte l'empreinte des deux principaux porte-paroles du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu non seulement à Washington mais également aux Etats-Unis. Convaincus d'avoir porté sur le conflit israélo-palestinien «un regard neuf». Elle a été conçue par une équipe qui a voulu avoir un «oeil neuf», Kushner et Greenblatt, qui sont la face visible de l'iceberg sioniste aux Etats-Unis, sont déterminés à imposer leur «aide» aux «discussions» qui devront, selon eux, Se tenir entre les parties lorsque le plan sera dévoilé. Pour y contraindre les Palestiniens, Kushner ne fait pas mystère de l'atout, déjà brandi par Donald Trump lui-même, que doivent constituer les monarchies du Golfe et en premier lieu l'Arabie saoudite. Peu importe que le plan de paix soit frappé du sceau de l'irrecevabilité quand on sait que ses auteurs sont Jason Greenblatt, Jared Kushner et un certain David Friedman! Celui-ci n'est autre que l'ambassadeur des Etats-Unis en Israël, nommé par Trump en prévision du transfert de l'ambassade à El Qods et il est connu comme un des lobbyistes les plus ardents en faveur de la politique expansionniste israélienne. Les trois hommes ont, en outre, des liens puissants avec Benjamin Netanyahu dont on peut supposer qu'il a, le premier, «contribué» à l'élaboration du plan de paix en gestation depuis deux ans et «attendu» au cours de juin prochain. Insensible aux critiques acerbes vis-à-vis d'Israël et de son soutien américain, formulées par les représentants indonésien et koweitien qui ont organisé cette «réunion informelle sur la colonisation israélienne», au Conseil de sécurité dont ils sont membres non permanents, Greenblatt a tiré l'essentiel de sa salve sur «le parti pris à l'ONU contre l'Etat hébreu», «un petit pays faible et fragile» à ses débuts et qui est devenu «une démocratie florissante». Un discours ressassé de la diplomatie américaine. Mais un discours sans cesse brandi, même si, lors de la signature des accords de paix d'Oslo, «il y avait 100.000 colons israéliens», et que, 25 ans après, «il y en a plus de 600.000 dans les territoires palestiniens, y compris à El Qods Est». Et, comme l'a rappelé Riyad al-Maliki, Israël «ne cherche même plus à dissimuler la véritable nature coloniale de son occupation ni sa volonté d'annexer les territoires palestiniens», fort du soutien inconditionnel des Etats-Unis.