Des forces du GNA près de Tripoli La meilleure illustration de ce jeu de la mort et du hasard a trait à l'entretien téléphonique que le maréchal libyen a réussi à avoir avec le président américain Donald Trump, sensible aux arguments des pays du Golfe qui parrainent l'ANL... A l'occasion de la visite à Alger de Fayez Sarraj, chef du Gouvernement d'union nationale libyen (GNA), reconnu par la communauté internationale, l'Algérie a exprimé son «inquiétude» et sa «préoccupation» face à la situation induite par l'agression de l'Armée nationale autoproclamée (ANL) du maréchal Khalifa Haftar qui fait face, depuis près de deux mois, à la forte résistance des forces loyales au GNA. «La persistance de la situation actuelle serait susceptible d'approfondir davantage les divisions, d'aggraver les tensions politiques internes et d'alimenter, voire accroître les ingérences étrangères» en Libye, a souligné le président par intérim Abdelkader Bensalah, avant d'aborder les efforts de l'Algérie pour «parvenir rapidement à l'arrêt des hostilités et la reprise du processus politique». Comme aussi, le ministère des Affaires étrangères a aussitôt indiqué que «l'Algérie ne peut, en aucun cas, accepter que la Libye continue de vivre dans l'instabilité qui a des retombées très dangereuses non seulement sur la sécurité et la paix de la Libye elle-même, mais aussi sur l'ensemble des pays voisins». Présente depuis de nombreuses années sur la scène libyenne, l'Algérie oeuvre, sans relâche, à une solution consensuelle de nature à garantir l'unité et la souveraineté du pays frère ainsi que sa sécurité et sa stabilité. La situation n'en est pas moins alarmante, si l'on en juge par l'absence de réaction de la communauté internationale, illustrée par les tergiversations du Conseil de sécurité de l'ONU où certains membres jouent la carte du pourrissement et tentent de donner du temps à Khalifa Haftar pour atteindre son objectif. La meilleure illustration de ce jeu de la mort et du hasard a trait à l'entretien téléphonique que le maréchal libyen a réussi à avoir avec le président américain Donald Trump, sensible aux arguments des pays du Golfe qui parrainent l'ANL, en particulier les Emirats arabes unis et l'Egypte. L'actuelle confrontation armée entre les troupes du maréchal Haftar, l'homme fort de l'est libyen, et les forces favorables au gouvernement d'union (GNA) basé à Tripoli «ne va pas s'éteindre d'elle-même si rien n'est fait pour y mettre un terme», a déclaré mercredi dernier le représentant spécial du SG de l'ONU Ghassan Salamé. «Son évolution ne dépend pas de ceux qui envoient de l'argent (...) pour alimenter le conflit», a-t-il également observé, car «la vérité est que la Libye peut financer son propre suicide». Faisant une comparaison aussi audacieuse que pertinente avec la guerre civile qui avait affecté le Liban entre 1975 et 1990, Salamé a enfin martelé une conviction profonde: «J'ai toujours considéré, dit-il, mes compatriotes au Liban comme assez stupides pour commettre un suicide avec l'argent des autres. Mais les Libyens sont encore pire. Ils se suicident avec leur propre argent.» Effectivement, on peut dire que, de ce point de vue, la Libye qui est un pays extrêmement riche s'avère un cas d'école tant les interventions extérieures sont aussi nombreuses que disparates, y compris de la part de pays qui n'y ont strictement rien à faire. A titre indicatif, l'envoyé spécial de l'ONU parle de six à dix pays qui s'ingèrent actuellement de diverses manières, soit pour un «soutien politique», la vente d'armes, l'assistance technique militaire et, le cas échéant, l'intervention directe dans le conflit interlibyen. Ce sont ces ingérences qu'on observe dans les atermoiements du Conseil de sécurité de l'ONU dont la conséquence prévisible est que les Libyens s'acheminent vers «une guerre longue et sanglante» dont les seuls vainqueurs seront ces pays qui tirent les ficelles.