Quelque 427 millions d'Européens étaient en âge de participer au scrutin, afin d'élire pour 5 ans les 751 membres du Parlement européen, une assemblée qui n'a eu de cesse d'accroître ses pouvoirs. Malgré les victoires de Marine Le Pen en France, Matteo Salvini en Italie et Nigel Farage au Royaume-Uni, la poussée eurosceptique attendue dimanche aux élections européennes semble avoir été contenue, lors d'un scrutin par ailleurs marqué par les bons scores des écologistes. Selon des projections actualisées dans la nuit de dimanche à lundi du Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE, droite pro-européenne) reste, avec 179 sièges, contre 216 actuellement, la première force de l'hémicycle. Forts de cette victoire, ses dirigeants ont réclamé la présidence de la Commission pour leur chef de file (ou «Spitzenkandidat» selon le terme allemand souvent usité) l'Allemand Manfred Weber, un conservateur dont le profil divise. Les sociaux-démocrates (S&D), deuxième parti du Parlement à l'issue du scrutin, avec 150 sièges (contre 185), ont balayé d'un revers de main cette demande, laissant augurer de longues tractations dans la course désormais ouverte aux postes clés des institutions européennes. Si le PPE et les sociaux-démocrates (S&D) restent les deux principales formations de l'hémicycle européen, ils perdent leur capacité à réunir à eux seuls une majorité pour faire passer des textes législatifs. La fin d'une époque. Ils devront composer avec les écologistes, qui grimpent de 52 à 70 sièges, grâce à leurs bons résultats en Allemagne et en France, et les Libéraux (Alde), dont le parti du président français Emmanuel Macron, qui obtiennent 107 sièges contre 69 actuellement. Le Français, l'un des dirigeants les plus attachés à l'approfondissement de la construction européenne, a perdu dimanche le duel phare de ces élections face au parti d'extrême droite de Marine Le Pen, le Rassemblement National (RN). Mme Le Pen espère, avec la Ligue de Matteo Salvini en tête en Italie avec 30% des voix, fédérer une large alliance de partis nationalistes, eurosceptiques et populistes. Leur groupe parlementaire, l'ENL, est crédité de 58 sièges contre 37. Difficile cependant d'envisager aujourd'hui un rapprochement avec le groupe populiste EFDD - où siège le Mouvement Cinq Etoiles italien et que devrait rallier le nouveau parti europhobe de Nigel Farage, grand vainqueur des élections au Royaume-Uni, avec 31,5% des voix -. Et même en additionnant les gains de ces groupes avec les 58 sièges du groupe ECR (tories britanniques et Polonais au pouvoir du PiS), l'extrême droite, les eurosceptiques et les europhobes, restent, avec 172 sièges, loin de la majorité au Parlement européen (376). Les partis d'extrême gauche passent pour leur part de 52 à 38 sièges. En Espagne, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez est le seul socialiste à sortir grand vainqueur du scrutin. Les écologistes finissent, en France, à une inattendue troisième place avec 12% des voix. Ce résultat fait écho au score enregistré en Allemagne par les Verts, deuxièmes du scrutin, selon les sondages, juste derrière le camp centre-droit d'Angela Merkel, qui enregistre un plus bas historique. Le taux de participation atteint 50,5%, son niveau le plus élevé depuis 20 ans. Quelque 427 millions d'Européens étaient en âge de voter, afin d'élire pour 5 ans les 751 députés européens. Les chefs d'Etat et de gouvernement se retrouvent aujourdd'hui pour un sommet afin d'échanger sur les prochaines nominations.