«La foi est une chose, le réveillon en est une autre.» Célébrer la fin d'une année et le début d'une autre, c'est là sans doute l'une des plus vieilles traditions ancrées dans l'esprit de l'humanité. Et comme le monde d'aujourd'hui n'est qu'un «petit village», où la direction du vent va de l'ouest à l'est, semant partout les grains des coutumes occidentales, cette habitude de fêter la fin d'année a fini par s'ériger en pratique universelle. Du moins dans la majorité des pays du globe, y compris le nôtre, pourtant de religion universelle. Cependant, si les Algériens adhérent volontiers à cette pratique, cela s'explique essentiellement par le fait que l'événement de fin d'année est synonyme d'une rencontre conviviale sous les airs de joie et de béatitude. Ainsi, dans l'esprit de nos concitoyens, ce genre de rituel est, semble-t-il, dénué de toute considération religieuse. En effet, beaucoup parmi ceux questionnés hier à Alger au sujet de leur conception de l'évènement de fin d'année ont souligné que la célébration de celui-ci n'a absolument rien à voir avec leurs croyances religieuses. «Je suis une femme musulmane pratiquante, néanmoins je suis convaincue que ce n'est point un tort, encore moins un péché de partager un morceau de gâteau en ce soir de réveillon avec les miens», nous disait une vieille dame qui s'est insérée dans la file indienne qui s'est constituée pendant toute la matinée d'hier devant l'entrée métallique d'une confiserie - pâtisserie de la place Audin. A première vue, et selon le nombre important de clients venus s'acheter une «bûche», il semblait évident que la boutique jouit d'une excellente réputation en pâtisserie. «On est bien un vendredi aujourd'hui (hier, ndlr). Demain, c'est férié et je pense que la plupart des boulangeries de la capitale vont baisser rideau. Il est donc hors de question pour moi de rejoindre le domicile sans s'acheter une bûche» nous affirme un homme âgé d'une quarantaine d'années. Ce dernier ajoutera qu'il a même placé un sapin à l'intérieur de son foyer, et ce avant de jurer par tous les saints qu'il est de religion musulmane et qu'un tel comportement n'a rien à voir avec sa foi. «C'est juste pour l'ambiance, les gosses aiment bien ça», s'est-il efforcé une explication. A Ben Aknoun, cette localité des hauteurs d'Alger où la tradition de fêter le Nouvel An est bien respectée de l'avis de nombreux citoyens, le marché de fruits et légumes que nous avons également visité hier grouillait de monde. La marchandise étalée de façon ostentatoire était affichée à des prix bien au-delà des coûts raisonnables. Il y avait toutes sortes d'agrumes. Il y avait aussi de toutes les viandes, y compris les poissons et les crustacés. D'autre part, on a appris que la plupart des hôtels d'Alger, à l'instar d' El Djazaïr (ex- Saint Georges) et de l'Aurassi, organisent des soirées musicales et de divertissement prévues pour cette nuit du 31 décembre. A ce titre, soulignons que l'engouement des citoyens pour ces hôtels est manifeste et que les appels pour les réservations «pleuvent» depuis plusieurs jours déjà sur les administrateurs de ces établissements.