Moins de deux ans après le renouvellement des assemblées locales, la lutte contre la corruption est relancée. Le procureur du tribunal d'Arzew vient de frapper fort en écrouant le maire de la commune d'El Kerma et 14 autres personnes, composées essentiellement de l'épouse de ce dernier, le secrétaire général de la même APC. Les mis en cause sont poursuivis de conclusion de transactions en violation du Code des marchés publics, surfacturation et de fraude fiscale. Une telle affaire n'est pas comme les autres. Elle porte le sceau de la lutte contre la corruption, devenue, depuis de longues années, un simple sport de routine dans une wilaya où l'on a injecté des milliards de dinars dans le cadre de son développement pour faire au final des «élus» se sucrant sans anorexie en détournant tout ce qui est monnayable. C'est du moins la réaction de plusieurs Oranais suivant de près le sort réservé par des représentants du peuple, à leur cité. Arrêté jeudi 30 mai dans le cadre d'un examen sur des affaires de corruption déclenché par la brigade économique et financière près la sûreté de wilaya d'Oran, le président de cette APC a été déféré devant le magistrat instructeur de la 1ère chambre du tribunal d'Arzew au même titre que plus d'une dizaine d'autres personnes impliquées. En garde à vue au commissariat central depuis leur arrestation par les agents de la brigade de recherche et d'intervention, les mis en cause ont répondu devant le juge d'instruction des faits retenus à leur encontre, lesquels se rapportent pratiquement des affaires de marchés publics, de commandes de services et de foncier industriel. Des bons de commandes à flots En plus du maire de cette bourgade, sa femme, a également été poursuivie dans cette affaire, le secrétaire général de la commune, deux élus dont un vice-président, et le président de la commission des marchés, six entrepreneurs et chefs d'entreprise, dont un concessionnaire d'engins Btph proche de l'homme d'affaires Ali Haddad. Pour ce dernier dossier, les enquêteurs de la BEF ont mis à nu plusieurs irrégularités, dont en premier lieu la surfacturation des commandes, dans une transaction conclue entre la commune d'El Kerma et ce fournisseur établi dans l'Oranie, portant acquisition d'un lot d'engins Btph au bénéfice du parc roulant communal. D'autres chapitres ont étoffé ce dossier portant le cachet rouge de la corruption et du détournement de deniers publics, dont la passation de commandes publiques, réalisation de projets ou prestations de service, en violant les dispositions du Code des marchés publics, octroi d'indus privilèges, faux et usage de faux en écriture publique. Dans le sillage de cette large enquête, des interpellations et des perquisitions menées par les services de sécurité en exécution de mandats délivrés par le parquet près la cour d'Oran, du 30 mai au 1er juin. Les enquêteurs ont soigneusement passé au peigne fin les bureaux de la mairie d'El Kerma, ses annexes et les habitations de certains suspects, à commencer par le président de l'APC. Le cachet rouge Dans ce cadre, plusieurs documents administratifs et comptables en rapport direct avec les transgressions relevées ont été saisis, tout comme il a été procédé à la mise en place de scellés de plusieurs biens pour les présenter comme pièces à conviction à la justice. Il s'agit essentiellement de 12 véhicules de luxe saisis par la même occasion dans le cadre des actes d'investigation relevant de l'enquête préliminaire. Deuxième affaire sur une liste rouge ciblant 22 APC. les faits sont liés à la corruption et au détournement de fonds publics, qui éclatent au grand jour en l'espace d'un peu plus d'un mois, après l'affaire de l'APC de Bir El Djir, citant une dizaine d'individus placés en détention préventive par le magistrat instructeur près le tribunal d'Arzew dans le cadre d'une enquête pour des faits de corruption supposés portant sur la passation de marchés publics et dans des affaires liées au foncier public. En garde à vue Le maire a été placé en garde à vue avant d'être écroué pour les besoins de l'enquête judiciaire enclenchée par le parquet d'Oran. Dans ce sillage, les éléments de la brigade financière et économique rattachés à la brigade de recherches et d'investigations d'Oran ont arrêté le maire de Bir El Djir, des vice-présidents, un ex-maire et une dizaine d'autres cadres. Et ce n'est pas tout. Des enquêtes de différents niveaux d'avancement sont menées visant 22 municipalités sur les 26 que compte la wilaya. Un seul dénominateur commun prédomine dans les investigations: la corruption et la malversation dans la gestion des biens et les fonds publics communaux. C'est donc parti pour un nouveau round de la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion des biens communaux, moins de deux ans après le renouvellement des Assemblées communales en 2017. Rien n'a donc changé, hormis les noms, la corruption est restée intacte durant l'actuel mandat. Durant le mandat précédent, plus de 50% des municipalités ont été frappées de plein fouet par ce phénomène...la corruption. Plus de 50 élus locaux ont fait l'objet d'enquêtes et de procès ayant abouti à leur emprisonnement. À qui le prochain tour?