La grève a été diversement suivie à travers le territoire national. Ni la décision rendue par la Chambre administrative du tribunal d'Alger, relative à l'illégalité de la grève ni les menaces brandies par la tutelle de suspendre la prime de rendement des enseignants, n'ont pu désamorcer la grève enclenchée, hier, par la coordination intersyndicale des enseignants et travailleurs de l'éducation. Cela dit, le mot d'ordre de grève lancé par la coordination intersyndicale, comprenant cinq syndicats: CLA, Cnapest, Unpef, satef, et Sete de Béjaïa, a suscité différentes réactions de la part des enseignants et travailleurs de l'éducation. Et cela à travers le territoire national. Selon les correspondants de L'Expression, le mot d'ordre de grève a été massivement suivi dans quelques régions et rejeté dans d'autres. En effet, si les enseignants des wilayas de Tizi-Ouzou et Béjaïa ont répondu favorablement à l'appel de la coordination, leurs collègues dans les wilayas de Constantine et Bouira ne semblaient pas, en revanche, très convaincus par l'appel de l'intersyndicale. Dans ces wilayas, la grève a été un échec. La participation a été mitigée. Ce qui a poussé les responsables des établissements à qualifier le mouvement de protestation de «grève ratée». Pour ce qui concerne la capitale, bastion du CLA, la totalité des lycées que nous avons visités étaient paralysés. Du lycée, El Idrissi, à El Emir de Bab El oued, en passant par le lycée Barbarous (ex-De-la-Croix) à Alger-centre, et le lycée Hassiba Ben Bouali à Kouba, la grève a été assez bien suivie dans ces établissements. Au lycée El Emir à Bab El Oued, le mouvement a été suivi, selon Mme Mesouri Fatma Zohra, à 50%. «La participation est mitigée. Il y a quand même des enseignants qui assurent les cours le plus normalement du monde», signale-t-elle. Ces déclarations, ont été tout de suite «démenties» par les représentants syndicaux. Dans sa déclaration à L'Expression, Redouane Osmane, porte-parole du CLA, (Conseil des lycées d'Alger), relève que la grève est suivie à, au moins, 90%. «Selon les rapports transmis par nos collègues de tous les lycées d'Alger, et autres écoles primaires et établissements du cycle moyen, je peux assurer que la grève est suivie à 90%», estime le porte-parole du CLA. Avant d'ajouter: «La capitale possède 112 lycées. Et tous ces lycées sont en grève», assure-t-il. S'agissant de la décision de la Chambre administrative du tribunal d'Alger, qui a tranché en faveur du ministère, notre interlocuteur soutient que «la grève ne peut être gelée du moment qu'elle a été décidée par la base». Interrogé sur les décisions que prendra son syndicat, dans le cas où la tutelle continue à ignorer leurs revendications, M.Osmane, a répondu: «Nous allons accentuer la pression sur la tutelle et les pouvoirs publics, jusqu'à ce que ces derniers répondent aux doléances des enseignants.» De leur côté, les élèves, qui restent les premières victimes du bras de fer, ministère-syndicats, se sont montrés conscients de l'enjeu. En effet, les quelques élèves que nous avons rencontrés à Alger n'ont pas caché leur inquiétude de voir le conflit durer dans le temps. «Après un long week-end de l'Aïd et les vacances, c'est la grève. Nous avons perdu trop de temps», déclare Feriel, une élève de terminale. Pour sa copine de classe, Sabrina, la grève est venue au mauvais moment. Les parents d'élèves partagent les inquiétudes de leurs enfants. «Certes les conditions de vie des enseignants sont un peu difficiles, les revendications sont dans leur majorité légitimes, mais cela ne peut justifier le sacrifice de l'avenir de nos enfants», déclare un parent rencontré au Lycée El Emir de Bab El Oued. Enfin, la tutelle estime que le secteur de l'éducation a bénéficié, en l'espace de 4 ans, d'une augmentation des salaires de l'ordre de 50%. Ce qui reste, selon le ministre M.Benbouzid, une première dans les annales de l'éducation nationale. De leur côté les «grévistes» persistent et signent, décidés à aller jusqu'au bout de leur combat. Ainsi, quel sort connaîtra ce bras de fer? La réponse sera connue dans les jours à venir.