La crise de l'eau, qui a eu raison du chef de daïra intérimaire de Lakhdaria et du directeur local de l'Algérienne des eaux, a été dénouée partiellement dans cette localité, mais reste posée pour bon nombre d'autres régions de la wilaya. Hier encore ils étaient des centaines de citoyens d'Ath Yala, à venir bloquer l'accès au siège de la wilaya. La raison de cette manifestation est la soif de toute une population alimentée à partir d'une source située en amont du village Slim, dans la commune de Haïzer. L'opposition d'un citoyen de cette localité semble être la cause du manque d'eau. Ce comportement, selon une source, est la réponse des habitants de la commune de Haïzer à ceux qui, dans un passé récent, se seraient opposés au passage du gaz. Le secrétaire général de la wilaya, wali intérimaire, a reçu la délégation qui lui a exposé le problème surtout que les P/APC des deux régions se renvoient la balle. Malgré les avertissements, pendant toute la période hivernale, du wali qui, à chaque réunion, invitait les responsables du département à anticiper les événements, l'été est arrivé et les pénuries avec. Malgré le potentiel immense de la wilaya et des capacités de stockage appréciables, des régions entières continuent à manquer de ce liquide vital. Les justificatifs avancés, même s'ils sont concrets, relèvent de la responsabilité des dirigeants du secteur. Comme nous l'avons déjà rapporté, nous rappelons ces données défendues par la direction des ressources en eau et sa filiale, l'ADE. «Les réalisations et la mise en service de trois barrages, dont un occupe la seconde place en capacités de stockage au plan national, il s'agit du barrage de Koudiet Asserdoun dans la daïra de Lakhdaria avec ses 640 millions de mètres cubes, suivi de Tilesdit, dans la daïra de Bechloul avec 164 Hm3 et Oued Lakhal à Aïn Bessem, qui retient 27 Hm3. Pour une gestion rationnelle, l'Algérienne des eaux est présente dans 44 communes de la wilaya. Les besoins de la wilaya sont de l'ordre de 120 982 m3 par jour. La production répartie entre eaux superficielles et souterraines, est de l'ordre de140000 m3 transférés dans un réseau global de 3 572 km linéaires, raccordement de 97% du territoire de la wilaya. Bouira dispose de 554 ouvrages permettant le stockage de 204000 m3. La disponibilité de l'eau varie d'une région à l'autre et d'une saison à l'autre. Ainsi, 40 communes sont dotées en eau, au quotidien, avec des horaires allant de deux à 24 heures. Deux communes bénéficient de l'eau un jour sur deux avec une tranche horaire de deux à 14 heures par jour. Une commune gérée par la commune reçoit l'eau un jour sur trois pendant 2 à 10 heures». Cette distribution reste tributaire de l'état des réseaux et nombre de communes se plaignent de la vétusté de ces derniers. Qui dit vétusté dit coupure et dysfonctionnement dans l'alimentation. Si pour Lakhdaria le problème a été sérieusement pris en charge, la région sud-est de la wilaya, semi-aride, continue de subir et à espérer une amélioration. Des villages comme Ouled Abdallah, Tizza, Chréa, Ahl Laksar, Ouled Rached, et la liste reste longue, continuent à compter sur le citernage. Le triangle compris entre El Hachimia, Ath Laksar jusqu'aux limites avec la wilaya de Bordj Bou Arréridj et plus au Nord, la commune de Taourirt, est réputée pour son manque de nappes phréatiques. Ainsi, des villages comme Ighil Ouméziane, Chréa, Fraksa, Ath Rached, Ath Bouali, Roudha… souffrent du manque d'eau du robinet. C'est aussi le cas pour la région d'Aghbalou, à l'extrême nord-est de la wilaya. Le fait sur lequel s'interrogent les citoyens demeure ce paradoxe entre la disponibilité de ce liquide et le manque, au robinet. Il ne s'agit pas d'une pénurie engendrée par les aléas de la nature, mais d'une insuffisance générée par la dégradation et la vétusté du réseau AEP. Les quantités d'eau qui coulent, vainement, dans la nature, sont très importantes, comparativement à quelques gouttes atteignant les robinets. Le projet portant sur la réalisation de nouvelles canalisations AEP, à l'image de ce qui a été fait dans d'autres communes et dans les bourgades environnantes, a contourné le village. Pour assurer la distribution de l'eau potable à partir du barrage de Tilesdit, les services concernés se contentaient d'utiliser un réseau déjà existant, dont la réalisation remonte à l'époque coloniale. Le débit et la pression générés par le refoulement de l'eau à partir du barrage, sont venus à bout de ces canalisations qu'aucune partie ne tente de réparer ou simplement de changer. Quand on voit les montants jusque-là déboursés, une enquête approfondie devient plus que nécessaire.